Revu Marnie de Hitchcock.
Prototype même du film pour cinéphile. Tiens ça peut-être une bonne définition du grand film malade chère à Truffaut. Le grand film malade serait un film pour cinéphile, celui où le cinéma se donnerait à voir dans toute sa nudité, au-delà de toute littérature, dans son idiotie.

Sur le site de Télérama, le dénommé Pierre Murat écrit: Ici, tout est viol et violence. Même si le dernier plan (un vrai bateau qui, soudain, remplace un décor artificiel) laisse deviner un espoir possible. C'est bien entendu faux. Il n'y a aucun espoir (le bateau bouche l'horizon) puisque tout dans ce film, y compris d'un certain point de vue le film lui même, est un désastre.

Le personnage de la mère boiteuse m'évoque la secrétaire boiteuse dans The Big Heat de Lang. Il y a dans la claudication, me semble-t-il, quelque chose d'éminemment cinématographique dans la mesure où le balancement du corps introduit une dynamique à l'intérieur du plan (le cinéma est un art du geste) et dans la mesure où cette claudication donne à voir (le cinéma est un art de l'incarnation) de façon immédiate la trace de l'irrémédiable et de l'irréparable.

Jacob demeura seul. Alors un homme lutta avec lui jusqu'au lever de l'aurore.
Voyant qu'il ne pouvait le vaincre, cet homme le frappa à l'emboîture de la hanche; et l'emboîture de la hanche de Jacob se démit pendant qu'il luttait avec lui (...).
Jacob appela ce lieu du nom de Peniel: car, dit-il, j'ai vu Dieu face à face, et mon âme a été sauvée.
Le soleil se levait, lorsqu'il passa Peniel. Jacob boitait de la hanche.
Genèse (Trad : L.Segond)