A la faveur de la diffusion radiophonique de La Cerisaie dans une traduction de Georges Neveux, j'appris l'existence de cette pièce. La coïncidence avec mon patronyme à la lettre près, mais elle ne fut pas la seule comme on le verra, m'amusa et je cherchai à en savoir plus. La pièce met en scène, je cite, «un couple adultère (Zamore et Clarisse) poursuivi par le mari jaloux. Celui-ci descend aux mêmes hôtels et fait le guet, sans adresser la parole à sa femme et à son amant mais en les regardant avec tristesse».
Or il se trouve que la découverte de cette œuvre coïncida aussi avec celle, faite quelques jours auparavant, de l'histoire de Françoise de Foix, comtesse de Chateaubriand, telle qu'elle fut rapportée par Antoine Varillas dans son Histoire de François 1er parue en 1685.
Après un épisode fort romanesque, Mme de Chateaubriand devint la maitresse du roi. Le mari jaloux est renvoyé dans ses terres. Survient la défaite de Pavie, la comtesse se retrouve seule, dans l'obligation de s'en retourner avec sa fille âgée de sept ans vers son mari. Décidé à se venger le comte de Chateaubriand enferme sa femme et sa fille dans une pièce entièrement tapissée de noir, dont tout le meuble était noir nous dit Varillas. Et voulant jouir de la tristesse de son épouse, il se cache en un lieu où les voyant, elles ne le voyaient pas. L'affaire dura quelques mois, l'enfant mourut. Le comte fit venir six hommes masqués et deux chirurgiens qui saignèrent la comtesse aux bras et aux jambes, et la laissèrent mourir en cet état.
Cette anecdote est fausse. Elle est presqu'entièrement sortie de l'imagination de Varillas. Mais qu'importe, elle me marqua et ce d'autant plus que je fus frappé par les échos que j'y retrouvai avec le thème de la pièce de G. Neveux.
Mais il me fallait aller plus loin.
Me revint à la mémoire une idée de scénario que j'avais eue, il y a fort longtemps. On y décelait les influences d'Henry James, d'un film de Dino Risi intitulé Ames perdues et de Vertigo.
Suite à la mort de ses parents, un jeune garçon entre douze et quatorze ans est recueilli par une jeune veuve. Il vient de province. Au départ tout se passe normalement mais l'atmosphère devient de plus en plus en plus oppressante. Il croit deviner la présence d'un troisième personnage à la présence fantomatique. Il se sent observé. A la fin du film, il apprendra que ce "fantôme" n'est autre que le mari et qu'il s'agissait pour le couple, au travers d'une sorte de dispositif érotique, de se donner en représentation. Son initiation faite, il sera abandonné.
Dans une deuxième version, le fantôme disparaissait. Le garçon tombait amoureux de la femme, finissait par coucher avec elle, rendait le mari jaloux, était épié par celui-ci, sans savoir que là encore le couple se mettait en scène.
Une troisième version s'essayait à mélanger les deux premières.