Roland Barthes terminait un petit opuscule qu'il avait consacré au sport par cette formule : "Le sport est fait pour dire le contrat humain." Contrat entre les joueurs eux mêmes, entre les joueurs et l'encadrement, entre les joueurs et les spectateurs. Ce à quoi l'on a assisté c'est à l'abolition de la distance qu'implique tout contrat, c'est à l'intrusion de la brutalité de la vie, à l'intrusion du conflit auquel plus rien ne vient donner une forme. Et l'effet est d'autant plus choquant car comme le fait aussi remarquer très finement R.B, alors qu'au théâtre nous sommes essentiellement voyeurs, dans le sport et tout particulièrement dans le football nous sommes aussi acteurs. Ce à quoi nous oblige ces derniers jours l'équipe de France c'est de participer à un jeu auquel nous ne voulons plus jouer. Ou plutôt elle nous renvoie, en rompant le contrat, à une position exclusive, que de fait nous ne pouvons tenir, celle du voyeur.
Ce que nous font ressentir, les joueurs de l'équipe de France, ce n'est ni plus ni moins que le sentiment de la perte.