Ruines circulaires

Le Zèbre est peut-être de tous les animaux quadrupèdes le mieux fait et le plus élégamment vêtu.

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mardi 30 août 2005

Journal

Samedi soir.
Grâce à S.B découverte d'Explorers beau film à l'allure modeste de Joe Dante. De quelle étoffe sont faits nos rêves alors que notre imaginaire bruit de la rumeur télévisuelle ? L'histoire est celle de trois gamins qui, à l'aide d'un vaissseau fait de bric et de broc, partiront à la rencontre de ce qui aurait du être l'Ailleurs. Le film fut un échec. S. l'explique par ce qui est pour lui l'une des qualités du film: son caractère "déceptif". Pour ma part, j'ajouterais que c'est une belle illustration de la définition que donne Claudio Magris du désenchantement : Une forme ironique, mélancolique et aguerrie de l'espérance.

Dimanche après-midi.
Allongé je commence le Songe d'une nuit d'été.
Four days will quickly steep themselves in night,
Four nights will quickly dream away the time ;
Dream away the time... Je pose le livre sur mon ventre - accent circonflexe qui me force à l'immobilité - et m'endors à même la pelouse.

Lundi soir
Dans les couloirs du métro, l'affiche d'une pièce d'Edward Albee : La chèvre ou qui est Sylvia ? La mise en scène en est assurée par un certain Frédéric Bélier-Garcia. C'est idiot mais ça me fait rire.
Pourquoi ne l'avions-nous pas tourné ce court-métrage ? la caméra super-huit devait être HS ou alors les autres avaient trouvé ça vraiment trop mauvais. Je ne sais plus. Paris. Une jeune fille à la terrasse d'un café constate que l'une de ses chaussures est délacée. Un homme s'arrête, la regarde, s'agenouille, lui refait le lacet. Il s'en va sans mot dire. Elle décide de le suivre (à moins qu'elle ne le voit un peu plus tard dans la journée et décide à ce moment là de le suivre). Elle le suit à travers les rues du XVIIème arrondissement. On doit voir les bus qui traversent cette arrondissement (le 92, le 30, le 31...), les affiches des films qui passent au moment du tournage, les publicités...le spectateur (du moins le parisien) doit pouvoir dater et repérer les lieux très exactement. Elle le suit donc, jusqu'à ce que l'homme pénètre dans un immeuble. Elle s'en approche, regarde les plaques. Sur l'une d'elles on peut lire : docteur Soulié. Fin.

Mardi matin.
Jacques Dufilho est mort. Pour une sombre histoire de sponsor Pierluigi Collina décide d'arrêter l'arbitrage.
Ils sont tous deux chauves.

samedi 27 août 2005

Correspondance(2) ou En passant.

A Adeline.

Comme prévu Mon incroyable fiancé s'est terminé en une pitrerie Marcel Bélivesque. Il n'est vraiment pas certain, malgré tout l'intérêt ou l'amour que vous portez à la télévision (je crois vous avoir reconnue), qu'elle puisse supporter la cruauté. En passant, j'ai fini par trouver à qui me faisait penser la mère. Cette scansion dans la voix, scansion qui traverse le corps l'obligeant à ces gestes eux-mêmes saccadés (peut-être est ce d'ailleurs l'inverse...) où l'avais-je déja vue ?
Mais oui, mais c'est bien sûr ! Christine Angot.

Cordialement.

jeudi 25 août 2005

La bêtise - Trois notes de bas de page - Trois noms.

A Jean Sébastien.

On pourrait alors dire que ce qui manque au cinéma français, c'est cette capacité balzacienne de représenter le monde. Et je pense tout particulièrement à ces quelques lignes écrites par Alain dans son Balzac
Ce qui étonne dans Balzac, et ce qu'il fait qu'il règne absolument sur les romanciers, c'est que la pensée n'y prend jamais la forme triomphante d'une idée. J'oserais dire que toute pensée en Balzac reste bête, même la sienne (...). Mais on ne trouvera pas dans toute l'oeuvre un seul discours qui ne porte la marque de l'homme par une confusion respectée (...). Et par là j'aperçois que son génie consiste à s'installer dans le médiocre, et à le rendre sublime sans le changer. Cette autre dimension des pensées en profondeur, sans aucune clarté extérieure, est remarquable aussi dans Skakespeare. On n'est pas accoutumé à la trouver dans le roman, ou l'analyse ne cesse d'exténuer la nature. En Balzac il me semble que l'analyse épaissit la nature.(1)
Ce qui semble s'être perdue entre la fainéantise méprisante de TF1(2) et l'intelligence (guillemets de rigueur) d'un film plombé comme La Blessure c'est, peut-être donc, cette bêtise. Bêtise qui pourrait donner à voir la part d'irréductible qui existe chez l'autre. Car en raison même d'un discours commun sur la différence, ce que filme le cinéma francais c'est le même, puisque au-delà de nos différences nous sommes tous semblables. A quoi bon alors représenter ce qui n'est pas moi puisque le monde c'est moi. Exténuer la nature au point de la réduire à un simple point, la faire disparaître pour ne pas avoir à se confronter avec. Au fond avec ses petits bourgeois pré-retraités-partouzards le cinéma français est un cinéma de lâches.(3)

Bien à toi.





(1) Ce qui fait d'ailleurs de toute comparaison entre un Houellebecq et Balzac un absolu contresens.
(2) Dans la série Dolmen, l'héroïne doit absolument contacter un quidam quelconque. Elle prend son portable, constate que la batterie est à plat. Que faire? Son adjoint sort son téléphone, lui propose de l'utiliser. Et il marche !!! Soit cette scène dont l'économie narrative est pour le moins discutable n'a pas été relue et l'on est dans la fainéantise. Ou alors il n'a pas été jugé utile de la relire et l'on est dans le mépris.
3) Et puisqu'il faut afficher ses goûts et prendre parti, on avancera trois noms, parmi les plus récents, qui échappent à ce qualificatif. Un mort et deux vivants :
Maurice Pialat. Jean François Stévenin. Et pour deux ou trois films, Catherine Breillat.

dimanche 21 août 2005

Martin H.


Ciel couvert.
A la sortie de la boulangerie, où l'on peut acheter et du pain et le Journal du Dimanche, un couple s'embrasse. Tiens ! Sollers a lui aussi été surpris par le "Nous voulons un bébé tout de suite" qui accompagne la photo du chanteur Renaud avec sa nouvelle, jeune et ravissante épouse (je cite) en couverture de Match. Amusant, j'avais pensé en faire une note; maintenant c'est trop tard.
Nos tourtereaux continuent de s'enlacer. Ils sont tous deux affublés d'énormes casques hi-fi qui ne semblent point les gêner. Me vient à l'esprit l'image d'un geste. Celui que font les garçons et les filles qui portent lunettes, et ce juste avant de s'embrasser. Ils les ôtent. Geste précis et élégant - la lunette est tenue entre le pouce et l'index à la jonction du verre et de l'une des branches, les trois autres doigts légèrement relevés, en suspend, forment un demi-cercle - mélange de fermeté et de légereté mais qui n'est pas dépourvu d'ambiguité. On ne peut manquer d'y voir une certaine forme de don, le don de sa faiblesse. Se désappareiller pour mieux s'apparier. Mais dans la mesure où il doit être pensé avant l'acomplissement du geste amoureux, il en coupe l'élan. Moment d'arrêt où peut se glisser le doute. Qui peut être également propice aux calculs. Temps de l'incertitude.
Et là, en ce dimanche face à la boulangerie, le jeune couple s'embrasse. Les casques sont semblables à des yeux de mouche. La musique bat son plein. On perçoit les chuintements d'une rythmique métallique.
Serait-ce, ce que l'on appelle : l'oubli de l'Être ?

samedi 20 août 2005

Pause musicale !

Musardant, je crois avoir trouvé un point commun entre Orson Welles et Jean Gabin : la chançon.

Via FLICKHEAD

I Know What It is to Be Young par Orson Welles.

''Maintenant Je Sais'' par Jean Gabin.

mercredi 17 août 2005

Temps morts

Vendredi - 18h - St Lazare.

Enfin trouvé Le Soulèvement contre le monde secondaire (Un manifeste) de Botho Strauss (L'Arche).

Samedi - 9h - Garches.

Encore couché, relié au poste par le fil des écouteurs, je m'apprête à écouter l'émission de Finkielkraut consacrée au Docteur Jivago de Pasternak. L'émission commence. Finkielkraut nous dit n'avoir lu Jivago que très récemment (pour ma part je ne l'ai jamais lu). Il en trouve la raison dans le succès du film, dans son coté mélodramatique qui auraient oblitéré son désir de lecture.
Face à moi, un rayonnage de bibliothèque. J'aperçois la tranche de Paulina 1880 de Pierre Jean Jouve en Folio. Mon esprit vagabonde.
Si j'ai lu Paulina, c'est un peu grâce au film de Bertucelli. Un peu seulement parce que, en effet, le film je ne l'ai jamais vu. Mais en couverture de l'édition qui trainait chez ma tante, il y avait Eliana De Santis, la tête haute, le regard sûr, écartant de longs cheveux noires, la poitrine dénudée, une ébauche de poitrine.
Je me lève, sors Paulina (mon exemplaire est lui illustrée par la belle tête d'Olga Karlatos) et lis.
Je suis bien formée - Ils sont deux - Les biches. Le contour est poli comme l'ivoire, ainsi font les peintres dans les peintures. O Madonna. Mes seins. Mes petits seins vous êtes des biches. Voulez vous venir sur la montagne ? Non nous voulons rester ici. Le cadre de mon miroir contient exactement ma poitrine. pas trop forte, pas trop lourde, pas trop tendue.(...)
Doux seins, doux petits seins (...). Je veux être pure. Pure. J'aime la glace et l'acier. je serais pure comme la glace et l'acier.
J'ai oublié Finkielkraut, ses invités, Jivago et Pasternak. Tant pis pour eux.

Mardi - 9h - Ligne Garches / St Lazare.

Lu, à propos d'un jeune homme qui s'habille en XXXXXXL (prononcer sixL nous dit le journal qui précise fond de culotte sous les genoux et un mètre de jambe affaissée à la cheville.), les déclarations d'un consultant marketing pour les marques de sport :
Ils passent des heures à décrypter les clips sur MTV. Mais ce n'est pas un truc d'abruti pour ressembler à la vedette. C'est une vraie culture communautaire et identitaire. Les pièces de sportswear ont une signification, en relation avec le hip-hop et le basket.
Le monde ne serait-il devenu qu'une vaste pantalonnade. Une farce burlesque certes, mais dont on peut craindre qu'elle ne finisse par tourner irrémédiablement à la tragédie.
Ce qui a déja été fait a soif de nouvelles destructions et cette soif grandit rapidement.
(Botho Strauss)

Mercredi - 13h - Déjeuner.

Je parcours Le journal de l'année de la peste de Defoe (Folio) pris ce matin par hasard avant de partir. Je me souviens, que préparant une note sur Schwob, j'avais lu que ce dernier faisait de ce journal, écrit plus de cinquante ans après les faits et en partie imaginaire, une des principales influences de Poe.
La petite chronologie en fin de volume donne vraiment envie de s'intéresser à la vie de Defoe qui fut, c'est le moins que l'on puisse dire, aventureuse. Militaire, romancier (le créateur du genre ?), pamphlétaire (un pamphlet contre Louis XIV, ou peut-on trouver ça ?), condamné au pilori mais acclamé par la foule, entrepreneur malheureux (treize faillites), journaliste, trahissant ses amis politiques, un peu espion et constamment à court d'argent. Me fait penser à Beaumarchais.

samedi 13 août 2005

Correspondance

boris.e@***.fr a écrit :
Vous recevez ce message parce que vous etes la personne qui alimente :
http://www.u-blog.net/ruinescirculaires

- Message -

Bonjour,
Est-ce vous qui avez écrit ce texte daté du 21 octobre 2004 ?
Et si non, comment puis-je joindre la personne qui l'a écrit ?
Merci,
Boris

Original Message -

From: "zamor pascal" <ruinescirculaires@yahoo.fr>
To: <boris.e@***.fr>
Sent: Thursday, August 11, 2005 2:08 PM
Subject: RE: U-blog - email 21 octobre 2004

Le texte lui même est de moi. Il contient deux citations.
Seriez vous le Boris du texte?
P/Z

boris <boris.e@***.fr> a écrit :

Je ne sais pas si je suis le boris du texte.
Vu qu'il n'est pas très bien situé...
Même s'il est précédé d'un nom de famille,
Rien n'indique qu'il lui fait suite.

- Original Message -

From: "zamor pascal" <ruinescirculaires@yahoo.fr> To: "boris" <boris.e@***.fr>
Sent: Thursday, August 11, 2005 4:05 PM
Subject: Re: U-blog - email 21 octobre 2004

Le manque de précision était recherché. Alors maintenons le, et parlons en ce qui vous concerne
d'une coincidence.
Mais que voulez vous savoir?
P/Z.

boris <boris.e@***.fr> a écrit :

Je ne voulais rien savoir en particulier,
Si ce n'est qui disait m'avoir croisé, je ne sais pas très bien quand.
Alors on se connaissait ?

- Original Message -

From: zamor pascal
To: boris
Sent: Friday, August 12, 2005 11:31 AM
Subject: Re: U-blog - email 21 octobre 2004

Se connaitre est un bien grand mot.
On a fréquenté la cinémathèque à la même époque, déjeuné (avant ou aprés une séance, je ne sais plus) une fois ensemble et vu Picpocket l'un à coté de l'autre : autre souvenir évoqué ici.
http://ruinescirculaires.free.fr/index.php?2005/06/10/41-collure#co
Comme vous le voyez, c'est finalement peu mais suffisant pour m'avoir marqué.
P/Z

boris <boris.e@***.fr> a écrit :

Pour l'instant ça ne déclenche aucun souvenir particulier.
Pourtant je n'ai pas du déjeuner avec grand monde à cette époque
- je n'avais pas même de quoi payer l'entrée de la cinémathéque.

Enfin la scène de Picpocket je m'en souviens, même du changement de plan "journal" intérieur/extérieur...
Mais mon souvenir ne m'indique pas un raccord dans l'axe ; dans le mouvement oui.
Puis, quelques pas plus loin, il y a celui du "taxi" extérieur/intérieur.

Pascal c'est votre prénom ?

- Original Message -

From: zamor pascal
To: boris
Sent: Friday, August 12, 2005 1:21 PM
Subject: Re: U-blog - email 21 octobre 2004

A la question la réponse est oui.

Il est possible que sur le raccord dans le mouvement et non dans l'axe vous ayez raison, je m'étais moi-même fait la remarque aprés la publication de la note. Je n'est d'ailleurs pas vérifié.

Allez vous encore au cinéma ?
P/Z

boris <boris.e@***.fr> a écrit :

Je suis allé au cinéma de pâques 75, jusqu'à pâques 82.
Depuis j'ai du voir moins de film en salle que j'en voyais en une semaine à l'époque.



J'essaye de me souvenir des hommes que je voyais à la cinémathèque,
Quelques-uns me reviennent en tête...
Par contre aucun souvenir des prénoms,
Ni d'avoir mangé avec l'un d'eux.
- Mais je tiens à préciser que j'ai une très mauvaise mémoire.



Vous devez être au courant : Chaillot devait fermer ces jours-ci ? Est-ce déjà fait ?
Si je me réveille pas trop tard, j'irai y faire un saut...

- Original Message -
From: zamor pascal
To: boris
Sent: Friday, August 12, 2005 16:56 PM
Subject: Re: U-blog - email 21 octobre 2004

Pour Chaillot je ne sais pas. Cela fait assez longtemps que je n'y suis plus allé. Le public y est assez terrifiant (des vieux avant l'âge...) Pour ma part je vais encore voir quelques films en salle (assez peu), possède à peine une dizaine de DvD, et ne suis pas abonné aux chaines ciné du cable mais je crois continuer à aimer ça.
P/Z

mercredi 10 août 2005

Vie pratique.

Je ne sais plus d'où me vient cette manière que j'ai de manger les yaourts ; d'un ami de mon père, ou alors d'un voyage en Grèce...?
Avant toutes choses, il convient de préciser que par yaourt j'entends le yaourt nature dont l'acidité doit être légèrement corrigée par un peu de sucre, celui qui se caractérise aussi par sa consistance. Le yaourt n'a pas, bien entendu, la fixité, la solidité du fromage mais il n'a pas non plus le caractère molasson (mou et flasque) du flan. Le yaourt possède une tenue qui lui est spécifique. Certes il ne résiste pas mais du moins ne tremble-t-il pas. Il possède sa dignité.
Pour cause de liquidité, on excluera également les yogourts (type bulgare) et, encore plus, les yaourts dits à boire (type Yop). Ces derniers par leur consistance proche de la bave semblant particulièrement marqués du sceau de l'infâmie.
Comment alors respecter la noblesse du yaourt ? De la façon suivante.
Ouvrir le yaourt. Le vider, s'il y a lieu, de son eau. En recouvrir la surface d'une couche (dont l'épaisseur variera en fonction du goût de chacun) de sucre en poudre. On choisira de préférence du sucre de canne non raffiné. Et là, surtout ne pas mélanger, ne jamais mélanger.
Sous l'effet de l'humidité le sucre prendra l'aspect du sable mouillé, mais il ne faut pas attendre trop longtemps. A l'aide d'une petite cuillère l'on peut commencer à manger. L'on est d'abord frappé par la lègère résistance qu'offre le sucre, résistance qui révèle la structure propre du yaourt. Chaque cuillerée est semblable à ces falaises que l'on peut voir en pays de Caux, à Etretat, et donne à voir l'opposition entre la blancheur du lait et la couleur d'ambre de la fine pellicule de sucre.
En bouche, saveurs acides et sucrées sont percues distinctivement, les unes et les autres cohabitant sans se confondre. La texture du yaourt est préservée et n'est point constellée par les cristaux de sucre. Rien n'empêche d'ailleurs, cela est même conseillé, d'alterner des cuillerées sans sucre et avec sucre. Au fur et à mesure le sucre se fera de plus en rare, et ne finira par subsister que le piquant du lait fermenté. La morsure légère du yaourt.

mardi 9 août 2005

Cartes postales.

Souvenirs de vacances.

Et vous, ports de l'Istrie et de la Croatie,
Et rivages dalmates, vert et gris et blanc pur !
Pola dans la baie claire est pleine de navires
Cuirassés, entre des bancs de gazon vert, navires pavoisés
De gais drapeaux rouges et blancs sous un ciel tendre.
Valery Larbaud.

Ne croyant pas en Dieu, ne voulant croire ni en l'amour (que je prenais pour un "bon" sentiment) ni en une cause, nationaliste ou socialiste, parce que je redoutais, plus que tout autre, le risque d'être dupe (...) ; ne croyant pas davantage dans les supériorités de l'argent et du pouvoir ; ne me permettant de respecter que l'esprit, le caprice, l'insolence ; disposé à ne tolérer qu'une seule sorte meurtre, l'acte guerrier ou le crime gratuit (...) ; vénérant bien sûr la volupté autant que je méprisais l'amour mais la craignant par doute de moi, n'étant jamais sûr de la donner, donc jamais de la ressentir sauf en en rêve (...)
Jacques Laurent - Les bêtises.

"On pleure un peu, et puis on s'habitue. Cette ordure l'homme il s'habitue à tout !"
Il resta pensif.
"Bon, et si je racontais n'importe quoi, s'exclama-t-il soudain malgré lui, si, réellement, l'homme, ce n'est pas une ordure, c'est à dire l'homme en général, la race humaine, c'est à dire, dans son ensemble, alors donc, tout le reste, c'est des préjugés, ce sont juste des peurs qu'on laisse courrir, et il n'y a aucune limite, et donc, c'est comme ça que ça doit être ! ..."
Dostoïevski - Crime et châtiment - (Trad - A.Markowicz)

Jeudi 3 Mai. - Bl... est allée à Courbevoie. L'enfant ressemble extrêmement à Maurice. La femme pas jolie du tout. On a télégraphié à Maurice. On l'attend demain. On lui dira de venir me chercher.
Paul Léautaud - Journal littéraire (1906)

Et aussi ça.

Et des centaines d'allemands et d'allemandes, tatoués, à qui l'on aurait volontier fendu le crâne.

Remerciements à l'Obscur.