Ruines circulaires

Le Zèbre est peut-être de tous les animaux quadrupèdes le mieux fait et le plus élégamment vêtu.

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samedi 29 décembre 2007

Rétrospectif.


L'un des avantages du passé, c'est que l'on en connaît les lendemains.
Aussi, je souhaite que l'année écoulée ait pu vous apporter un peu de ces instants où nous demeurons dans la beauté des choses.

mercredi 26 décembre 2007

Conte de Noël.

Le Veau.
Conte de Noël pour Sara Salis.

Il y avait une fois un petit garçon qui avait été bien sage, bien sage.
Alors, pour son petit Noël, son papa lui avait donné un veau.
- Un vrai?
- Oui Sara, un vrai.
- En viande, et en peau?
- Oui, Sara, en viande et en peau.
- Qui marchait avec ses pattes?
- Puisque je te dis un vrai veau!
- Alors?
- Alors, le petit garçon était bien content d'avoir un veau ; seulement, comme il faisait des saletés dans le salon...
- Le petit garçon?
- Non, le veau... Comme il faisait des saletés et du bruit, et qu'il cassait les joujoux de ses petites soeurs...
- Il avait des petites soeurs, le veau?
- Mais non, les petites soeurs du petit garçon... alors on lui bâtit une petite cabane dans le jardin, une jolie petite cabane en bois...
- Avec des petites fenêtres?
- Oui, Sara, des tas de petites fenêtres et des carreaux de toutes couleurs... Le soir, c'était le Réveillon. Le papa et la maman du petit garçon étaient invités à souper chez une dame. Après dîner, on endort le petit garçon, et les parents s'en vont...
- On l'a laissé tout seul à la maison?
- Non, il y avait sa bonne... Seulement le petit garçon ne dormait pas. Il faisait semblant. Quand la bonne a été couchée, le petit garçon s'est levé et il a été trouver des petits camarades, qui demeuraient à côté...
- Tout nu?
- Oh! non, il était habillé. Alors tous ces petits polissons, qui voulaient faire réveillon comme de grandes personnes, sont entrés dans la maison, mais ils ont été bien attrapés, la salle à manger et la cuisine étaient fermées. Alors, qu'est-ce qu'ils ont fait?...
- Qu'est-ce qu'ils ont fait, dis?
- Ils sont descendus dans le jardin et ils ont mangé le veau...
- Tout cru?
- Tout cru, tout cru.
- Oh! les vilains!
- Comme le veau cru est très difficile à digérer, tous ces petits polissons ont été très malades le lendemain. Heureusement que le médecin est venu! On leur a fait boire beaucoup de tisane, et ils ont été guéris... Seulement, depuis ce moment-là, on n'a plus jamais donné de veau au petit garçon.
- Alors, qu'est-ce qu'il a dit, le petit garçon?
- Le petit garçon... il s'en fiche pas mal.
A. Allais.

dimanche 23 décembre 2007

J. Gracq (1910 - 2007).

AUJOURD'HUI




SOUVENIR

Charbonnages de France c'est fini (La presse).

D'UN PAYS ELOIGNE.


La notion même de travail est en train de pourrir, avec ce qu'elle impliquait de conquérant et de productif : dans ce monde déjà tourné et retourné de fond en comble, le travail ne s'attaque presque plus nulle part à la nature brute mais uniquement au travail humain précédent (...) L'instinct sent qu'une perversion particulièrement maligne, et qui tôt ou tard, obscurément, sera punie, s'attache à cette rage de défaire, pour refaire, qui tourne à vide et ne moud rien.
J. Gracq - Lettrines (un extrait ici ).

Entretien avec J. Gracq.

La direction vous informe et vous souhaite un joyeux noël.


Suite à une invasion massive de représentants en images licencieuses et rêves illusoires, le lolo a été contraint de fermer temporairement ses portes. Les indésirables ayant été chassés, nous vous informons du retour à une activité normale.
Un joyeux noël aux habitués, aux hôtes de passage, aux dames et aux joueurs de dominos frappés.

lundi 10 décembre 2007

Anthologie du fantastique (6).

Charles-Louis Philippe (1874-1909) est connu comme un auteur "populiste". Son roman, Bubu de Montparnasse, conte l'histoire d'une prostituée parisienne et de Bubu son souteneur. De Charles Blanchard (non disponible sur la toile), son dernier texte, inspiré de l'enfance de son père, Philippe ne put terminer que les deux premiers chapitres. L'extrait proposé est tiré du chapitre I : Le froid.
Ce texte ressort-il du fantastique ? Peut-être pas, mais il est des situations extrêmes où la littérature ne laisse aux mots qu'un seul choix : celui d'être pris au pied de la lettre.

Il vint des jours d'hiver (...).
Il ne sut pas combien de temps dura l'hiver. L'hiver était une saison de laquelle on n'arrivait pas à sortir. Chaque jour, vers quatre heure de l'après-midi, une ombre puissante par la fenêtre entrait dans la chambre, et lentement, sûre de la victoire, avec une force, avec un poids s'avançait vers la femme et leur imposait sa présence.
Ils la fixaient, ils la tataient ; ils faisaient avec leurs bras le geste de la repousser, elle était épaisse et résistante.
Et au moment où ils la craignaient le plus, il semblait qu'elle ne connût pas d'arrêt dans sa marche, qu'elle franchît les portes de leurs sens et qu'elle entrât en eux pour leur faire connaître cette odeur de terre humide, cette odeur de cimetière que portaient avec elles les nuits d'hiver. Elle était trop puissante pour que jamais le jour pût la vaincre. Il semblait qu'une nouvelle saison commençât, plus terrible que l'hiver encore. Une chose existait, auprès de laquelle le froid ne comptait guère.
(...)
Une nouvelle saison commençait qu'on eût pu appeler la saison de la fin de la vie. Que les heures étaient lentes, que les heures étaient longues, que les heures étaient grasses ! Et puis, parfois, il semblait à l'enfant qu'il fût bien las. Il en avait tant vu passer ! Il avait vu passer la file des heures du matin, il avait vu passer les heures de l'après-midi qui vont une à une et qui vous donnent la sensation ridicule que l'on doit bailler, que l'on doit ouvrir la bouche, la gorge et la poitrine pour qu'elles puissent entrer et faire route à travers votre corps. Les heures de la nuit étaient si nombreuses qu'on ne les affrontait pas, il n'y avait qu'une conduite à tenir envers elles : se coucher, dormir, leur laisser le temps, la vie et l'espace. Depuis combien de temps cela durait-il ? Si Charles Blanchard avait su compter, il eût estimé que cela durait cent ans. Il eût manqué de force déjà pour continuer à vivre comme il avait vécu. Mais devant les heures nouvelles, il n'avait plus qu'à se laisser faire. Il lui semblait au milieu d'un baillement, qu'il ne pourrait jamais ouvrir la bouche assez grande pour qu'elles puissent entrer. La vieillesse produisait ses premiers effets : les muscles de sa machoire n'étaient plus souples, le mouvement de son sang plus assez rapide, un grand froid qu'il ressentait n'était pas le froid de l'hiver, l'ombre qui l'entourait n'était pas celle de la nuit. Oui, c'était bien cela : il était très vieux, le temps était venu où il devait s'abandonner à la mort.

mercredi 5 décembre 2007

Annotations.



Revu Le Promeneur du Champ de Mars. Le film me semble toujours raté. Restent Michel Bouquet et Mitterrand, son sens de la formule (les forces de l'esprit...). Le film terminé, j'écoute, par hasard, une interview de Ph. Sollers, son sens de la formule (travailler plus pour penser moins...).
Comment expliquer cette étrange sympathie qui subsiste malgré tout ?

La Maison Nucingen de Balzac. Une conversation entre jeunes hommes :...où l'on nia tout, où l'on admira que ce que le scepticisme adopte : l'omnipotence, l'omniscience, l'omniconvenance de l'argent. C'est, en quelques mots, le chemin décrit par Jean Claude Michéa dans L'Empire du moindre mal, voie royale qui traverse toute La Comédie Humaine, celui qui mène du sceptiscisme, au relativisme avec pour terminus la société libérale (du point de vue économique)- libertaire (du point de vue des moeurs).

Il s'agit toujours de découvrir, ou d'imaginer, les mécanismes capables d'engendrer par eux-mêmes tout l'ordre et l'harmonie politiques nécessaires, sans qu'il n'y ait plus jamais lieu de faire appel à la vertu des sujets puisque pour un esprit moderne la vertu (que celle-ci puise son inspiration officielle dans la foi religieuse, la coutume, la morale, l'idéal civique ou l'esprit du don) constitue une source incessante de disputes et de conflits idéologiques.
Jean Claude Michéa.

Peut-être gardais-je de l'affection pour ceux qui, ayant parcouru une bonne partie du chemin, avaient renoncé à l'efficience des idées, mais qui, enfants du siècle passé, persistaient à croire en la beauté des mots.