Ruines circulaires

Le Zèbre est peut-être de tous les animaux quadrupèdes le mieux fait et le plus élégamment vêtu.

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mardi 31 octobre 2006

Actrices nues


Tina Aumont - Catherine Jourdan.

Hier, j'ai croisé Boulevard Saint-Germain
Catherine Jourdan.
(à moins que ce ne fut qu'une illusion)
Après toutes ces années qui se souvient
de Catherine Jourdan ?

J'apprends, ce matin, dans les journaux, la mort
de Tina Aumont.

Des deux et de quelques autres
(qu'êtes vous devenues Sydney, Anicée...)
subsistent encore dans ma mémoire ces feuilles arrachées
à ces magazines que l'on disait de charme.

		

jeudi 26 octobre 2006

Connaissance du monde.



Une promenade en vélo dans les rues de Tianjin.
A bike ride in the streets of Tianjin.
Music: The Modern Lovers, She cracked

Depuis quelques semaines, Christophe Atabekian nous envoie des images et des sons de Chine.
Il y a chez Atabekian, me semble-t-il, une volonté de partir du concret d'une situation ou du moins pour reprendre les mots de Merleau-Ponty dans sa Phénoménologie de la perception
En somme, une fois effacées les distinctions de l’a priori et de l’empirique, de la forme et du contenu, les espaces sensoriels deviennent les moments concrets d’une configuration globale qui est l’espace unique, et le pouvoir d’aller à lui ne se sépare pas du pouvoir de s’en retrancher dans la séparation d’un sens.
Aller et venir.
Revenir et de nouveau partir.
Passer et repasser la frontière.

A quoi, il faudrait tout aussitôt ajouter qu'il y a dans ces films courts ce don assez rare qui est celui d'ajouter aux faits : la vie.


Ps : on se permettra d'attirer l'attention sur les n° 14, 15, 18, et 11

samedi 21 octobre 2006

Gimme a ticket for an airplane.



Have you ever seen a grown man naked?

En souvenir d'un déjeuner où nous ne sommes pas arrivés à refaire le monde - des points de détail concernant la nature humaine nous opposaient - mais où nous avons été au moins d'accord pour dire que cette séquence était drôle.
Rien n'est donc perdu.

mercredi 18 octobre 2006

Ambivalence.



Ma petite approche de la sprezzatura m'entraîne sur des chemins de traverse.

(...) il semble que dans une société égalitaire la politesse disparaîtrait, non, comme on croit, par le défaut de l’éducation, mais parce que, chez les uns disparaîtrait la déférence due au prestige qui doit être imaginaire pour être efficace, et surtout chez les autres l’amabilité qu’on prodigue et qu’on affine quand on sent qu’elle a pour celui qui la reçoit un prix infini, lequel dans un monde fondé sur l’égalité tomberait subitement à rien, comme tout ce qui n’avait qu’une valeur fiduciaire.
M.Proust - Le côté des Guermantes.

Ce qui disparaît donc dans les sociétés égalitaires ou ultra-démocratiques, qui sont les nôtres, c'est la convention en tant qu'elle est une forme, une manière. Ou plutôt faudrait-il mieux parler de la « phagocytation » d'un imaginaire par un autre. Celui du prestige imaginaire, du prix infini par celui de l'égalité imaginaire puisque du prestige il ne peut plus en être question et que tout doit avoir un prix afin de pouvoir être échangé.

En vain la richesse et la pauvreté, le commandement et l'obéissance mettent accidentellement de grandes distances entre deux hommes, l'opinion publique, qui se fonde sur l'ordre ordinaire des choses, les rapproche du commun niveau et crée entre eux une sorte d'égalité imaginaire, en dépit de l'inégalité réelle de leurs conditions.
A.de Tocqueville.

Si la convention n'est que le masque des inégalités, alors au nom de cette égalité imaginaire elle devra s'effacer. Mais c'est oublier la tyrannie du désir.
Deuxième nécessité, celle de lever le voile, le souci de la transparence, de la révélation. L'apologie du vrai. Il s'agira de tout montrer et de tout voir. Mais il n'en reste pas moins que dire toujours la vérité, toute la dire, on n’y arrive pas, c’est impossible, ce sont les mots qui y manquent.
Double contradiction que le système se doit de surmonter en ouvrant, pour le refermer aussitôt, le monde de l'imaginaire à toutes les transgressions (pornographie...), à tous les témoignages (autofiction, littérature du déballage...)
Dès lors la boucle est bouclée : le mensonge qui nous lie est justifié par ce qui se donne comme la vérité même.

dimanche 15 octobre 2006

Index (2)

Index des personnages fictifs, des personnes réelles, des oeuvres dans la Comédie Humaine
Index de la Vie mode d'emploi
Index du Journal des Goncourt
Index des personnes, personnages, oeuvres réelles ou imaginaires, lieux dans les deux tomes des oeuvres complètes de Borges.
Index de Ulysses
Index de l'Iliade
Index de l'Odyssée
Index du Journal de Jules Renard
Index des noms de personnes dans la Bible
Index d'Ada
Index de la correspondance de Voltaire
Index des personnages de...
Index du Journal de Léautaud
Index de la correspondance de Flaubert
Index des noms de personnes, de lieux dans A la recherche du temps perdu
Index des journaux de Léon Bloy
Index des Mémoires d'outre-tombe.
Index enchanteurs ou rêvés

samedi 14 octobre 2006

Egnime littéraire(1)

Samedi.
Après m'être acquitté de mes obligations ménagères, je parcours le journal littéraire de Michel Crépu dans un numéro déjà ancien (Juillet-Aout 2004) de la Revue des Deux Mondes :
Mercredi 5 Mai.
(...) je poursuis mes incursions sainte-beuviennes. Halte au tome IX des Causeries : portrait du marquis de Lassay, fin XVIIème siècle.
Il ne m'en faut pas plus. Direction Gallica. Recherche. Sainte-Beuve /Causeries du lundi. Tome neuvième et téléchargement.
Le portrait est beau. C'est celui d'un figurant, d'un homme qui avait ses variations, et qui en raison même de ces variations ne fut jamais que des faubourgs (l'expression est de Saint-Simon) alors qu'il visait le coeur de la place.
Mais là n'est pas l'objet de cette note.
Au début du texte on peut lire ceci :
Il avait en lui un ressort qui dérangeait le train de vie où il était mis et qui empêchait la suite, la persévérance nécessaire au plein succès. Son caractère n'était pas formé tout d'une chaîne, ou du moins dans cette chaîne il y avait un anneau peut-être d'un meilleur métal et plus pur que le reste : mais précisément c'était cet anneau qui rompait.
Et Sainte-Beuve de continuer :
Madame Sand a remarqué cela d'un des personnages de ses romans, et j'en crois l'application juste par rapport à M.de Lassay.
Mais quel est ce roman de Madame Sand ? De qui s'agit-il ?
Cette petite égnime a, je le sais, que peu d'importance mais, que voulez vous, elle me tarabuste. J'aimerais bien le rencontrer ce personnage, faire sa connaissance, entrer en relation comme on dit de nos jours, converser.
Aussi, ami(e) lecteur, passant qui arrive ici au hasard d'une requête google, je vous serais reconnaissant si vous pouviez m'aider.

vendredi 13 octobre 2006

Histrionisme.


© Musée du Louvre/A. Dequier - M. Bard

Vu - plus qu'entendu - le ministre de l'Intérieur.
Les temps qui viennent s'annoncent difficiles.
Si il est une chose dont manque Nicolas Sarkozy, c'est de sprezzatura.
Le mot réputé intraduisible fut inventé en 1528 par Baldassar Castiglione dans son Il Libro del Cortagianno. En 1580, Gabriel Chappuis le traduit par mépris et nonchalance. En 1987, Alain Pons choisit désinvolture.

Et comme l'abeille dans les prés verdoyants va toujours cueillant les fleurs parmi les herbes, ainsi notre Courtisan doit cueillir et voler cette grâce à ceux qui lui sembleront la posséder (...)
Mais j'ai déjà souvent réfléchi sur l'origine de cette grâce et, si on laisse de côté ceux qui la tiennent de la faveur du ciel, je trouve qu'il y a une règle très universelle, qui me semble valoir plus que tout autre sur ce point pour toutes les choses humaines que l'on fait et que l'on dit, c'est qu'il faut fuir, autant qu'il est possible, comme un écueil très acéré et dangereux, l'affectation, et pour employer peut-être un mot nouveau, faire preuve en toute chose d'une certaine désinvolture (una certa sprezzatura), qui cache l'art et qui montre que ce que l'on a fait et dit est venu sans peine et presque sans y penser.
Baldassar Castiglione - Le Livre du Courtisan (trad Alain Pons) - Editions Gérard Lebovici

On en trouve une occurence dans une nouvelle de Pirandello - La vie toute nue (1912) - où il est traduit par mépris.

Colli était un malheureux en dehors de la vie (...). Dommage, car lorsqu'il était en veine de travailler, il rendait des points aux meilleurs. Et Pogliani en savait quelque chose, puisque tant de fois, dans cette atelier, il l'avait vu, de deux coups de pouce imprimés avec un mépris énergique (con energica sprezzatura), mettre debout en un instant une ébauche sur laquelle il s'échinait inutilement.
Luigi Pirandello - La vie toute nue (trad Georges Piroué) - Gallimard.

Le mot semble d'ailleurs poser quelques problèmes aux italiens eux-mêmes : pour preuve cette lettre de 1997 d'Adriano Sofri, fondateur de Lotta Continua, dans laquelle il constate n'avoir de sprezzatura qu'une définition négative.
Ni nonchalance, ni désinvolture, ni aisance, ni négligence, ni mépris mais un savant mélange de tout cela. Une nonchalance maîtrisée, una bella negligenza, une certaine forme d'élégance alliée à une certaine hauteur. L'absolu contraire de l'ostentation.
Pour Cristina Campo, la sprezzatura est une attitude morale qui, comme le mot participe d'un contexte à peu près disparu dans le monde d'aujourd'hui, et qui risque de connaître une éclipse définitive. C'est un rythme moral, la musique d'une grâce intérieure : c'est le tempo dans lequel s'exprime la liberté parfaite d'un destin, inflexiblement mesurée pourtant par une ascèse cachée. Mais avant toute chose c'est une façon alerte et aimable de de ne pas entrer dans la violence et la bassesse d'autrui.(1)
On peut aussi noter que cette façon alerte et aimable de de ne pas entrer dans la violence et la bassesse d'autrui ce peut-être également une assez bonne définition de ce que La Rochefoucauld entendait par politesse ou civilité : La civilité est un désir d’en recevoir et d’être estimé poli. Seule la politesse peut mettre à distance l'amour-propre (rien n'est si impétueux que ses désirs) de chacun. On ne peut concevoir de sprezzatura sans politesse.
Et si la manifestation la plus visible de la sprezzatura, car on l'aura compris elle est une manière d'être, il fallait aller la chercher dans ce chef-d'oeuvre qu'est le portrait (1515-1516) de Castiglione par Raphaël ? Simplicité de la pose, souci de l'harmonie, goût de l'équilibre, recherche d'une position médiane entre l'excès de naturel et l'excès d'artifice.
Au fond, ce que je reproche à Nicolas Sarkosy c'est sa vulgarité ou plutôt de n'être que le reflet d'un monde où la sprezzatura s'est définitivement retirée.

(1) Cristina Campo - Les Impardonnables - L'Arpenteur.

mercredi 11 octobre 2006

Un couple.


Danièle Huillet - Jean-Marie Straub (photo empruntée ici).

Je me souviens les avoir rencontrés, il y a déjà longtemps, à la cinémathèque de Chaillot lors de la projection d'un film muet de John Ford. Nous étions au deuxième rang, un ou deux fauteuils me séparaient d'eux. La salle était quasi-vide. Il avait un étrange chapeau de cuir. Elle portait une sorte de pelisse marquée par les ans. Il s'adressa à elle de cette voix si caractéristique, traînante et emplie de gouaille; elle ne lui répondit pas.
La lumière s'éteignit, le film commença.
A la fin de la projection, nous étions restés assis jusqu'à l'ultime fin du générique - la clarté était revenue - et alors que je m'apprêtai à partir, mon regard croisa le sien. Elle me sourit. Ce ne fut qu'un bref instant, mais il y avait dans ce sourire comme un acquiescement qu'elle voulait partager. Un acquiescement à une vérité primitive, et dont tout leur cinéma n'est que la recherche, celle du cinéma en train de naître.
Danièle Huillet est morte dans la nuit de lundi à mardi. Elle avait 70 ans.

D'autres hommages , et

dimanche 8 octobre 2006

Lalalère



A N*** que je fis rire.

Nous revenions de déjeuner S***, N*** et moi lorsque j'aperçus apposée sur une colonne Morris une affiche annonçant un spectacle-hommage à Joe Dassin. Je déclarai tout de go que j'aimais bien ce chanteur, même s'il me faut préciser ici que je n'aime que certaines de ses chansons et plus particulièrement l'une d'entre elles intitulée Salut les amoureux (On s'est aimé comme on se quitte /Tout simplement sans penser à demain /A demain qui vient toujours un peu trop vite/Aux adieux qui quelque fois se passent un peu trop bien). Mon ami S*** déclara que le monde de la chanson lui était totalement étranger, qu'il y avait là un prosaïsme auquel il n'était pas sensible. Je lui rétorquai, et N*** fut d'accord avec moi, qu'il me semblait que, justement, la chansonnette traduisait la vérité d'une situation (amour déçu, rupture, temps qui passe...) et que ce que l'on pouvait qualifier d'idiotie n'était que le reflet du caractère idiot des situations mêmes. S*** ne fut pas convaincu.
Mais il est vrai qu'il n'y a pas que la chanson, il y a aussi les mots, les mots dits.
Cette interviouve de Céline est bien sûr très connue - elle a fait l'objet d'une transcription dans l'édition des oeuvres complètes au Club de l'Honnête Homme - mais ce n'est pas une raison pour ne pas y revenir, comme on revient à la version d'Embraceable You par le quintet de Charlie Parker, au Lullaby Of Birdland chantée par Sarah Vaughan, ou au Voodoo Chile d'Hendrix.
Et puis c'est dimanche.

L.-F.C. : Et nous avions dans le Passage Choiseul trois cent soixante becs de gaz qui marchaient jour et nuit. Et nous avions les petis chiens qui venaient faire leurs besoins. Et puis nous avions des chansons, chose assez curieuse. On peut dire que j'ai assisté à la fin des chansons. Au début, avant la guerre -de 14-, chaque fois qu'il entrait un arpète ou une midinette (comme elle s'appelait) au début du passage, elle commençait à chanter. Elle chantait pendant toute... le passage, toute sa durée de traversée du passage. Et puis, après 14, on n'a plus chanté dans le passage. C'est un signe des temps. C'est tout ce qu'on avait comme distraction, c'est la chanson des petits apprentis. Et puis des midinettes.

On n'en sortait pas.
Et puis les mots, il fallait savoir les relancer, avoir l'intelligence de remettre la petite musique en branle.

P.D. : Très souvent dans votre livre, vous rappelez au lecteur que vous êtes né Passage Choiseul. C'est le mot « raffinement » qui me fait penser à cela.

Du grand art, mais un art perdu.

Hier, j'ai commencé la lecture des Mémoires de La Rochefoucauld.
A propos des relations de Richelieu avec Anne d'Autriche on peut lire que la passion qu'il avait eue depuis longtemps pour la Reine s'était convertie en dépit : elle avait de l'aversion pour lui (...). L'homme est jaloux. Aussi, à la mort du Duc de Buckingham (il fut assassiné) pour qui la reine aurait éprouvé une vive passion :

Le Cardinal triompha inhumainement de cette mort ; il dit des choses piquantes de la douleur de la Reine, et il recommença d'espérer.

- C'est beau non ? (il nous faut savoir écouter les écrivains).
- A pleurer.

jeudi 5 octobre 2006

Du coq à l'âne.


Sa mère était mercière, son père était mercier, il naquit au Havre un vingt et un février mil neuf cent et trois, mourut à Paris un vingt cinq octobre mil neuf cent soixante et seize. Cela fera, dans vingt jours, très exactement trente ans.
Le mieux est de lui laisser la parole. On appréciera également les qualités d'interviouveur de Pierre Dumayet.

De Queneau à Sterne, il n'y a pas loin.
J'ai déja dit ce que je pense de la traduction de Guy Jouvet du Tristram Shandy. Mais voilà ti pas que les éditeurs de cette couillonade font paraître dans le Monde des livres (cf supplément PDF), sous un titre (Qui a peur de Tristram Shandy ?) destiné à faire frissonner à bon compte le lecteur du quotidien du soir, une tribune dans laquelle ils regrettent que le choix de l'Université (le livre de Sterne a été choisi pour figurer au programme de l'agrégation) se porte sur la traduction de Charles Mauron en date de mil neuf cent quarante et six.
Voilà ti pas donc que je me sens comme l'envie d'y revenir.
Je cite les auteurs du texte :
Mais il y a aussi les spectaculaires bévues du professeur (Mauron). Un seul exemple. Au volume III, chapitre XXXVI, on peut lire dans la traduction de Guy Jouvet : « Hé! je vous prie, qui était la jument de Tapequeue - Ah ! c'est bien là le genre de question aussi déshonorante, Monsieur, et qui trahit autant l'ignorance crasse de son auteur, que si vous demandiez en quelle année a éclaté la seconde guerre punique ! - Qui était la jument de Tapequeue ! - Mais lisez, lisez, lisez, lisez...»
Tout d'abord la version originale :
—And pray who was Tickletoby's mare?—'tis just as discreditable and unscholar-like a question, Sir, as to have asked what year (ab. urb. con.) the second Punic war broke out.—Who was Tickletoby's mare!—Read, read, read, read, my unlearned reader! read...
Puis la version de Mauron :
- Mais, je vous prie, qui était la jument de Tickletoby ?
- Volà une question, monsieur, qui donne une aussi fâcheuse opinion de votre culture classique que si vous demandiez en quelle année (ab. urb. con.) éclata la deuxième guerre punique. Qui était la jument de Tickletoby ? Lisez, lisez, lisez, lisez, mon ignorant lecteur, lisez...
Nos amis éditeurs s'offusquent que Mauron ne trouvent pas une équivalence à Tickletoby, faisant ainsi manquer une référence au Frère Tappecoue du Quart Livre de Rabelais. Outre que la traduction des noms propres est un problème récurrent à toute traduction (Mauron a choisi de ne pas les traduire), il convient de remarquer que :
1) je connais relativement peu de gens qui, sans un appareil critique, puissent établir une relation entre Tapequeue et Rabelais.
2) dans l'édition GF Flammarion dans laquelle on peut lire la traduction de Mauron, une note explicative due à un monsieur Serge Soupel est donnée ainsi que la référence sexuelle.
Nos amis éditeurs s'offusquent, mais que tis just as discreditable and unscholar-like a question soit traduit par Ah ! c'est bien là le genre de question aussi déshonorante, et qui trahit autant l'ignorance crasse de son auteur... ne semble pas les gêner. Alors que unscholar renvoie à celui qui n'a pas été un scholar, à celui qui n'a pas fait "d'études supérieures". Bref non pas à celui qui ne sait rien (ignorance crasse) mais à celui qui ne sait pas assez (aussi fâcheuse opinion de votre culture classique). Je ne sais pas si solution proposée par Mauron est la meilleure (sa traduction n'est pas sans défaut, et certaines des objections faites - notamment tout ce qui concerne la ponctuation - sont recevables) mais du moins ne pêche-t-elle pas par ce qui est le défaut majeur de Jouvet : la sur-traduction.
Much Ado About Nothing. Certes. Mais je ne peux m'empêcher de voir dans cette tribune comme un symptôme, celui d'une certaine forme de gesticulation. Pendant des décennies, notre Université s'est ingéniée à dégoûter des générations d'étudiants de Sterne et et de Tristram Shandy (ah bon !) nous disent les auteurs qui de facto se placent dans le camp du bien, de l'esprit rebellle (s'attaquer à l'université en 2006, vu l'état dans lequel elle est, y faut l'faire) alors qu'il s'agit ici ni plus moins que de masquer une déconvenue commerciale et financière sous une posture de martyr.

dimanche 1 octobre 2006

Y a pas d'chansons qui tiennent...


Allongé sur le lit, j'ai vu passer à travers les lames de la jalousie un nuage qui avait la forme de l'île de mon enfance...
Musique.


Billie Holiday(1915-1959) - Fine and Mellow (1957)

C'était Billie Holiday (...). Elle chantait les yeux baissés, elle sautait un couplet, reprenait son souffle difficilement. Elle se tenait au piano comme à un bastingage par une mer démontée. Les gens qui étaient là étaient venus sans doute dans le même esprit que moi, car ils l'applaudirent frénétiquement, ce qui lui fit jeter vers eux un regard à la fois ironique et apitoyé, un regard féroce en fait à son propre égard.
Francoise Sagan - Avec mon meilleur souvenir.


Les z'américains y z'ont le blues, nous on a le cafard.
C'est la même chose !