- Vous ne voulez plus divorcer ?
- On va divorcer. Même si j'ai peur de perdre notre chien Clément. J'espère bien le voir souvent. Quant à Michel, je le laisse se débrouiller avec Esther.
Extrait d'un entretien donné par Marie-Pierre Houellebecq au journal Elle.

Houellebecq est le premier écrivain à s’élever au niveau d’exigence d’un chanteur populaire : écrire, mieux que quiconque, le consensus, et par là faire de chacun son lecteur privilégié.


A propos de Balzac.
Ouvrant de grands yeux à toutes les explications, bouffi de lieux communs, une vanité de commis-marchand. Il semblait qu'il se fit un phénomène somnambulique(1) lorsqu'il travaillait, et que concentré sur un point, par une intuition, il se rappelât toutes choses même les ignorés.
Edmond et Jules de Goncourt - Journal (année 1852).

S'il me fallait qualifier la littérature de Michel Houellebecq je dirais, et je pense plus particulièrement à ses deux derniers livres, qu'elle est limitée, enserrée qu'elle est entre les bornes d'un réel où ne pointe que la médiocrité, entre le chien Clément et la maitresse Esther. Houellebecq confond la carte et le territoire et ne produit, au bout du compte, qu'une littérature de la coïncidence. Le texte se superpose au monde, reflet dans lequel, pauvres narcisses fascinés, nous pouvons nous mirer et ricaner. De fait la littérature de Houellebecq est fondamentalement une littérature rassurante, une littérature pour grand enfant.
On voit par là que nous sommes à des lieues de ce phénomène somnambulique décrit par les Goncourt. Et si Balzac, c'est un exemple, a décrit précisément, analyse sociologique qui reste toujours pertinente, le monde de la presse et des critiques (Cf Illusions perdues-Un grand homme de province à Paris), il a su dans le même temps créer un personnage qui excède le réel : Vautrin. (2)

(1) C'est moi qui souligne.
(2) Afin d'échapper au reproche de monomanie, on mentionnera un autre grand somnambule, il est américain et vivant : Don De Lillo

Edit : ''La carte et le territoire'' de Michel Houellebecq (2010)