- Cold Case, la série. Un principe unique. Un fait nouveau entraine la réouverture d'une enquête concernant un homicide classé sans suite. Scénario et mise en scène jouent alors sur deux niveaux de temporalité.
L'enquête au présent: le service spécialisée et l'inspectrice Rush retrouvent les divers protagonistes de l'affaire.
Un jeu de flash-back: l'affaire classée peut remonter à plusieurs dizaines d'années. Au fil des témoignages on revoit les mêmes protagonistes quelques jours ou heures avant que le meurtre n'ait lieu.
Le parcours des personnages n'est jamais vraiment explicité, rien ne nous sera dit qui puisse faire la jonction entre les deux blocs de temps, et seul un jeu sur les apparences physiques (un même personnage est souvent joué par deux acteurs différents) fait le lien entre passé et présent. Tout cela serait assez systématique (et l'est d'ailleurs quelquefois, il faut bien l'avouer) ne serait-ce la présence de l'actrice principale (Kathryn Morris). Blonde diaphane et éthérée, présence quasi-fantomatique qui semble flotter sur l'écran de télévision. Si la métaphore du fleuve comme image du temps est également utilisée dans la série au travers de la présence la rivière Schuylkill (rivière qui traverse la ville de Philadelphie) charroyant de lourds blocs de glace (les divers épisodes que j'ai vus se passent en hiver) et qui symbolisent les personnages pris dans les méandres du temps, la présence de Lilly Rush ne s'inscrit pas dans ce schéma classique que l'on pourait qualifier de cinématographique. Elle n'est pas le fleuve, n'a pas la matérialité des blocs de glace, Lilly Rush est un effet de surface, un pur effet télévisuel.

- Nous étions trop jeunes, nous n'avions pas de passé à dévoiler, nous vivions au présent.
P. Modiano.

- J'ai l'insomnie heureuse, j'écoute la radio. Ou du moins j'écoutais la radio. Ne pas dormir la nuit, c'est pour moi s'extirper du temps, être hors-temps, entrer dans une béance mais dont on sait, au bout du compte, qu'elle est bornée. Le jour finira bien par se lever. Longtemps les programmes de la nuit de France Culture étaient essentielement constitués d'archives. Et par archive il fallait entendre des choses du passé, des choses en temps-longtemps, des voix surannées et même mortes. Ne pas dormir et écouter ces voix, c'était véritablement faire l'expérience de l'avant. Jusqu'au jour où il fut décidé de rediffuser les émissions du jour passé. A un intervalle semi-ouvert il fut substitué un intervalle fermé, à l'avant, le très prosaïque hier. Salaud d'énarques !

- Devant elle se déroulait une vaste étendue de maisons qui avaient toutes poussées en même temps comme une moisson, sur la terre d'un marron terne. Cela lui rapppela la première fois qu'elle avait ouvert un poste à transistors pour changer les piles, et qu'elle avait vu un circuit imprimé.
T. Pynchon.
C'est extrait de Vente à la criée du lot 49, le roman date de 1966, et je serais curieux de savoir s'il s'agit de la première occurence de cette image que l'on retrouve dans toutes les productions de ces dernières années.