Retour de Roissy Charles de Gaulle : ses alertes à la bombe, ses portes vitrées.

Nous nous étions amusés avec les portes vitrées, qui s'ouvrent seules. Nous y repassions, tantôt ensemble, tantôt l'un après l'autre, arrivant très vite, ou a contraire avec l'hésitation du voyageur qui s'apprête à poser ses valises, et à pousser les battants. Ils s'écartaient.
- C'est un cellule photo-électrique, me dit Gabrielle.
José Cabanis - La Bataille de Toulouse.

Paradoxalement, la cellule photo-électrique du roman de Cabanis (pour être précis le roman parut en 1966 et la scène, qui se concluera par la rupture des amants se passe à Orly) me semble beaucoup plus datée - ce qui d'ailleurs lui confère un certain charme, je me suis souvenu de cet épisode - que par exemple, les fameux monocles de la soirée Saint-Euverte dans la Recherche. Ces portes vitrées qui s'ouvrent seules me sont temporellement proches mais cette proximité est niée par la précision donnée quant à leur fonctionnement. Les mots de Gabrielle renvoient à un temps où, face à la nouveauté, il était nécessaire de donner une explication, temps qui n'est cependant pas assez éloigné de moi pour que je puisse le considérer comme exotique comme peut l'être le temps de Proust où les hommes portaient monocles, mais temps qui n'est plus le mien puisque justement de cette explication je n'en ai plus besoin.
Au fond, ce qui vieillit le plus vite c'est le passé proche.

En illustration Playtime de Jacques Tati.