Ruines circulaires

Le Zèbre est peut-être de tous les animaux quadrupèdes le mieux fait et le plus élégamment vêtu.

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samedi 29 octobre 2005

Avis

Pour cause d'inventaire le lolo sera fermé jusqu'au 2 novembre inclus.
La direction

vendredi 28 octobre 2005

Tard dans la nuit


Partout où j'ai passé
J'ai trouvé mon absence
Je ne suis nulle part
Excepté le néant
Mais je porte caché au plus haut des entrailles
A la place où la foudre a frappé trop souvent
Un cœur où chaque mot a laissé son entaille
Et d'où ma vie s'égoutte au moindre mouvement
Pierre Reverdy

A propos des Amants Réguliers de Philippe Garrel.

mercredi 26 octobre 2005

Questions


Speculum humanae salvationis - France, XVe siècle.

Pourquoi dans le livre de Daniel, Nabuchodonosor demande-t-il aux magiciens, devins, enchanteurs, et chaldéens que lui soient révélés le songe qu'il a fait et son interprétation ?

Dn 2, 5-9 : Le roi répondit et dit aux Chaldéens : "Que mon propos vous soit connu : si vous ne me faites pas connaître le songe et son interprétation, on vous mettra en pièces et vos maisons seront changées en bourbier. Mais si vous me découvrez mon songe et son interprétation, vous recevrez de moi présents et cadeaux et grands honneurs. Ainsi donc découvrez-moi mon songe et son interprétation." Ils reprirent : "Que le roi dise le songe à ses serviteurs et nous lui en découvrirons l'interprétation. Mais le roi répondit : "Je vois bien que vous voulez gagner du temps, sachant que mon propos est proclamé. Si vous ne me faites pas connaître mon songe, une même sentence vous sera appliquée ; vous vous êtes entendus pour forger des discours mensongers et pervers devant moi pendant que le temps passe. Aussi, rapportez-moi mon songe et je saurai que vous pouvez m'en découvrir le sens.

Pourquoi un proche qui s'apprêtait à nous raconter un rêve - il n'est point roi de Babylone - commença comme à l'habitude par : tu ne sais pas à quoi j'ai rêvé ? Alors qu'à cette interrogation on ne peut - nous ne sommes pas Daniel - y répondre que par la négative car la question est difficile et nul ne peut la découvrir sinon les dieux dont la demeure n'est point parmi les êtres de chair.

Pourquoi au cours des dernières nuits revenait la séquence initiale de ce film Les Indomptables - The Lusty Men de Nicolas Ray ? Celle où Mitchum, ancienne gloire du rodéo, fatigué et usé revient vers la maison de son enfance, se glisse et rampe sous la véranda à la recherche de la clef cachée là, il y a bien longtemps; dans un autre temps ?

mardi 25 octobre 2005

Pause

Ecouté une émission consacrée à Henri Pichette (1924 - 2000).
Ressorti Les Epiphanies dont le sous-titre est mystère profane.
Extrait du dialogue entre le poète et l'amoureuse (le poète parle le premier).

je t'imprime
je te savoure
je te rame
je te précède
je te vertige
et tu me recommences
je t'innerve te musique
te gamme te greffe
te mouve
te luge
te hanche te harpe te herse te larme
te mire t'infuse te cytise te valve
te balise te losange te pylone te spirale te corymbe
t'hirondelle te reptile t'anémone te pouliche te cigale te nageoire
te calcaire te pulpe te golfe te disque
te langue te lune te givre
te chaise te table te lucarne te môle
te meule
te havre te cèdre
te rose te rouge te jaune te mauve te laine te lyre te guèpe
te troène
te corolle
te résine
te margelle
te savane
te panthère
te goyave
te salive
te scaphandre
te navire te nomade
t'arque-en-ciel
te neige
te marécage
te luzule
te nacelle
te luciole te chèvrefeuille
te diphtongue
te syllabe
te sisymbre te gingembre t'amande te chatte
t'émeraude
t'ardoise
te fruite
te liège
te loutre
te phalène
te pervenche
te septembre octobre novembre décembre et le temps qu'il faudra

Henri Pichette - Les Epiphanies (1948) - Gallimard.

dimanche 23 octobre 2005

En rire ?


Antoine Coypel - Démocrite (1692)

Au chapitre 50 du Livre I des Essais intitulé De Démocrite et Héraclite Montaigne présente les deux philosophes.

Démocrite et Héraclite ont été deux philosophes, desquels le premier, trouvait vaine et ridicule l'humaine condition, ne sortait en public qu'avec un visage moqueur et riant; Héraclite, ayant pitié et compassion de cette même condition nôtre, en portait le visage continuellement attristé, et les yeux chargés de larmes.

Une anecdote tirée d'Hippocrate veut que ce dernier fut appelé par les habitants d'Abdère afin de guérir Démocrite qu'ils prenaient pour un fou. Bien sur Démocrite montrera qu'il n'est pas fou et que c'est tout au contraire les hommes qui manquent de lucidité. Si Démocrite rit c'est que

(...) par manque de discernement, ils (les hommes) sont bouffis d'orgueil et se prennent pour des immortels ou des demi-dieux. Il suffirait pour les rendre sages qu'ils méditent sur la mutabilité du monde qui ne cesse de tourner, rien n'étant constant ni assuré: celui qui est aujourd'hui au plus haut, demain sera en bas; celui qui a passé la journée assis de ce coté sera demain jeté à l'autre bout (...).
Robert Burton - Anatomie de la Mélancolie

On reconnait là un des thèmes cher à Montaigne: Je ne peins pas l'être. Je peins le passage. Ce dont Burton, Montaigne et d'autres veulent rendre compte c'est de l'ondoiement du monde.
Y avait-elle songé la jolie blonde qui arborait sur le bras cet imposant tatouage mahori? Avait-elle songé qu'un jour ses chairs deviendraient molles et que le symbole guerrier partirait en débandade? Il fallait croire que non. Pour elle le temps ne se conjuguait qu'au présent - et il ne fallait point y voir le suprême orgueil mais plutôt la marque de l'infans - sans lendemain.
Fallait-il alors en rire ou en pleurer ?

Ps: Au moment de la rédaction de ce billet j'ai découvert cette fable de La Fontaine: Démocrite et les Abdéritains
Pour faire valoir ce que de droit.

vendredi 21 octobre 2005

Piafs

Le virus, véhiculé par les oiseaux migrateurs, s'est répandu jusqu'en Europe et l'Afrique devrait être sa prochaine étape, conformément aux routes migratoires. Sont particulièrement visés les lacs d'eau douce de la vallée du Rift, dans l'Afrique de l'Est (..).
En Albanie, quelque 3.600 poulets acheminés par camion de Grèce ont été enterrés vivants par crainte de contagion.
La presse (Octobre 2005)

Et si je le pouvais, j'observerais ce qu'il advient des hirondelles, des cigognes, des grues, des coucous, des rossignols, des rouges-queues, de toutes ces espèces d'oiseaux chanteurs, des oiseaux d'eau, des faucons, etc., dont certains ne sont visibles qu'en été, d'autres seulement en hiver ; certains ont été vus sur la neige, d'autres à aucune autre époque de l'année, chacun selon sa saison propre. En hiver, il ne se trouve pas un seul oiseau en Moscovie, mais au printemps, en un instant, les bois et les haies en sont pleins, selon Herberstein : comment cela se fait-il? Dorment-ils l'hiver comme les marmottes de Gesner, ou restent-ils cachés (comme l'affirme Olaus Magnus) au fond des lacs et des rivières retenant leur souffle où les ont souvent retrouvés des pécheurs de Pologne et de Scandinavie, deux par deux, bec contre bec, aile contre aile; et quand le printemps arrive, ils reprennent vie, ou si on les place dans un four ou près du feu. Ou suivent-ils le soleil, comme Pierre Martyr - dans son De legatione Babylonica, I, 2 en est manifestement convaincu, par observation directe; car, lorsqu'il était ambassadeur en Egypte, il vit des hirondelles, des milans d'Espagne, et bien d'autres oiseaux européens, en décembre et en janvier voler tout à leur aise et en grande abondance, autour d'Alexandrie, où les arbres et les jardins sont en pleines floraisons. Ou se cachent-ils dans des grottes, des rochers, des arbres creux, comme beaucoup le pensent, dans la profondeur des mines d'étain ou sur des falaises comme le suppose Mr. Carew? Ce que j'en retiens pour ma part, c'est ce que dit Munster des grues et des cigognes: d'où viennent ces oiseaux, où ils vont pour l'heure, nous n'en savons rien. Nous les voyons en tel lieu, certains en été, d'autres en hiver, leurs allées et venues se font de nuit: dans les plaines d'Asie, selon lui, les cigognes se rassemblent à date fixe, la dernière arrivée est mise en pièce, et elles peuvent alors partir.
Robert Burton - Anatomie de la Mélancolie - (1638) Edition de Gisèle Venet - Folio

mardi 18 octobre 2005

Quizz


Heinrich Aldegrever (1502 - 1561)

Un lecteur-ami ayant fait ressurgir d'anciens souvenirs, une âme charitable pourrait-elle me dire le titre de ce journal consacré exclusivement aux gros seins, titre qui était le même que celui d'une revue qui se voulait beaucoup plus sérieuse ? La question m'a taraudé toute la nuit et ce matin encore je n'arrive pas à m'en débarrasser.
Merci d'aider le pauvre fol.

Un lecteur-amateur (cf les commentaires) m'a délivré à 12h44. Qu'il en soit remercié. Il s'agit de Globe. Les deux titres sont défunts. L'un fut un organe de propagande dévolu à la personne de François Mitterrand, l'autre nous fit quelquefois rêver.

lundi 17 octobre 2005

Dimanche après-midi.


Longtemps j'ai vécu sur une ile par 16°13' nord et 61°29' ouest. Sous ces latitudes point de crépuscule ni de marée. La nuit tombe comme un bloc, entre le chien et le loup rien, ayen, ak. Et jamais la mer ne se retire. Les tropiques ne connaissent pas l'entre-deux.

Ce matin là, à la marée montante Stephen Dedalus marche sur la plage de Sandymouth.(1)

Sous son pied le sable grenu avait disparu. Ses souliers foulèrent de nouveau un magma humide et grincant, coquilles manche-de couteau et crissants graviers et tout ce qui vient briser les galets innombrables, bois criblé de vers, Armada perdue. Des sables imbibés d'eau gluante guettaient ses semelles pour les aspirer, exhalant une haleine d'égout. Il les côtoyait, marchant avec précaution.

Autour de lui tout fait signe.

Ce sable entassé est le verbe que vents et marés ont vanné jusqu'ici.

Il oscille entre origine et fin, entre permanence et changement. Alors qu'il aperçoit un chien.

Leur chien allait l'amble le long d'un banc de sable en train de fondre, trottant, reniflant dans toutes les directions. Cherchant quelque chose de perdu dans une vie antérieure. Soudain il fila comme un lièvre, oreilles rejetées en arrière, à la poursuite de l'ombre d'une mouette au vol rasant bas (...). Il volta, se rapprochant par bonds, puis au trot, pattes tricotantes. D'orangé un cerf passant, au naturel, sans massacre (...). Son corps tacheté qui trottait en avant s'allongea soudain en un galop de veau.

L'épisode est placée sous le signe de Protée dieu de la métamorphose doué du don de prophétie

Ce dimanche après-midi, avant d'aller dans quelques jours à une exposition consacrée à la mélancolie, je lis. Allant d'un livre à l'autre, consultant des index, debout, le livre posé sur le lutrin, assis, couché, cherchant à établir des correspondances, à susciter des rencontres. Et quelque fois le feu prend.(2)

Notre imagination feint, déforme et ondoie si diversement, elle commande si impérieusement notre corps que, comme Protée ou comme un caméléon, elle peut prendre toutes les formes possibles ; de plus, ajoute Ficin, elle est d'une telle force qu'elle agit aussi bien sur les autres que sur nous-mêmes (...). l'imagination est l'instrument des passions, et leur permet de produire trés souvent des effets prodigieux (..).

Dans un autre ouvrage où l'érudition confine au fantastique(3). A propos de la gravure Melencolia I de Durer.

Le premier des ces motifs auxiliaires associés à Saturne ou à la Mélancolie est le chien qui appartenait en propre aux portraits typiques des savants. L'avoir inclus ici et en avoir renversé le sens pour en faire un compagnon de souffrance de Melencolia, c'est un parti qui ne laisse pas de se justifier. Non seulement il se trouve mentionné dans diverses sources astrologiques comme animal typique de Saturne, mais dans l'Horapollo (introduction aux Mystères de l'alphabet égyptien) il est associé à la disposition des mélancoliques en général, et des savants et prophètes en particulier. Il y est dit que le chien, plus doué et plus sensible que les autres animaux est très sérieux de nature et peut être victime de la folie ; et que, pareil aux profonds penseurs, il est porté à être toujours en chasse, à flairer les choses et à ne plus les lacher. "Le meilleur chien", dit un hiéroglyphiste est celui " qui montre une tête, comme on dit couramment plus mélancolique.

C'est à ce moment là que j'ai pensé à Stephen Dedalus, que j'ai pensé à ces plages où il faut aller chercher la mer au loin, que j'ai senti insensiblement, parce que ce vide il fallait bien le remplir et que les mots n'y suffisaient plus, l'angoisse monter.

(1) Ulysse - James Joyce (Trad Morel - Gilbert - Larbaud)
(2) Anatomie de la Mélancolie - Robert Burton (Edition de Giséle Venet, Folio)
(3) Saturne et la Mélancolie - R Klibansky - E Panofsky - F Saxl (Trad F Durand-Bogaert - L Evrard, Gallimard)

vendredi 14 octobre 2005

Temps présent


Au détour d'un couloir du métro (station La défense), une affiche nous informe du prochain concert de Roberto Alagna : Roberto Alagna chante Luis Mariano.
Un disque est prévu chez Deutsche Grammophon. Francis Lopez fait donc son entrée dans le catalogue Deutsche Grammophon. Qui dirigera ?

Sur le site du journal Le Monde les rubriques Livres et Cinéma sont sous l'onglet Pratique avec la météo, les jeux et les mots croisés. Les blogs sont indexés à Perspectives.

Réhabilitation de Anne-Louis Girodet.
Marc Fumaroli que l'on a connu mieux inspiré - son étude sur Chateaubriand est un modèle du genre - nous explique que Girodet est un grand peintre parce qu'apprécié par Balzac. Balzac comme référence en matière de gout, on peut être dubitatif. On pourrait d'ailleurs lui opposer les Goncourt à propos du même Girodet : des bonhommes en bois peints avec de la bile.
Girodet peint des endives qui voudraient prendre la pose et encore est-ce toujours la même pose.

Francis Lopez, Girodet, le blog comme alpha et oméga de la pensée..comme disaient les deux affreux jojos déja cités il y a là une grande blague.

Le règne de la blague.

En illustration : Apothéose des héros francais mort pour la patrie pendant la guerre de la Liberté (1802) de Girodet.

jeudi 13 octobre 2005

Un peu court jeune homme...



Le titre provient d'un commentaire de la note précédente.
L'image de gauche (il s'agit en fait de deux panneaux séparés) est de Hans Memling.
L'image de droite est tirée du générique de fin de North by Northwest (La Mort aux trousses).
La conclusion est de sk†ns :
Métafeignasse ! Überfaignasse !

mercredi 12 octobre 2005

Famille



Le papa (Leo G. Caroll), la maman (Thelma Ritter), et le mauvais fils (James Mason).

lundi 10 octobre 2005

Journal



Samedi.
Vu, il y a quelques jours, sur La Chaine Parlementaire (LCP chaine du cable) le philosophe Robert Mishrahi. Il est interrogé par JP Elkabach à propos de Spinoza. Mishrahi semble avoir consacré sa vie, que dis-je donné sa vie à Spinoza. C'est assez émouvant. Il esaye d'intervenir alors que c'est le tour des autres invités, de placer son héros. Vient son heure. Après avoir fait un point biographique, il fait une présentation sommaire de l'oeuvre. Il est alors amené à employer le mot phénoménologie. Intervention du journaliste. Pas de ça chez nous. Ne lui demande même pas d'expliquer, de définir. Non exit phénoménologie. Flingué. Direction la morgue. Tristesse de Mishrahi qui ravale son mot. Défaite de la pensée. Ultimi barbarorum.
L'émission était entre autre consacrée au dictionnaire.

Where are you de Hélèna Villovitch et Jan Peters.
Dans le cadre, deux images mobiles. Elles flottent. Dans l'une une jeune femme, dans l'autre un homme. Il est relativement maigre, assez grand. Ils sont seuls. Tous deux sur une de ces plages où le jusant fait place à des étendues monotones. Les images vont à la rencontre l'une de l'autre, finissent par se croiser. Ils se rencontrent, se quittent
Immédiatement je pense à la séquence où le zombie entraine l'héroïne dans le Vaudou de Jacques Tourneur.
Je rencontre les réalisateurs. Ils n'ont pas vu le film de Tourneur.

Samedi soir. (avant le match).
Les crabes, galets marchant.(Jules Renard)

Dimanche.
Correspondance et l'intégrale des ''Phones Bills'' de Christophe Atabékian.
Dans la première des correspondances, des paysages défilent, vus de la fenêtre d'un train, alors que l'on peut entendre en bande son la transcription d'un échange de mail entre deux hommes. Une histoire nait.
Madame de Sévigné. Introduction du paysage en tant que paysage dans la littérature du XVIIéme. Correspondance. Voyage des lettres, de Madame de Sévigné, de Christophe Atabékian, des mails à travers le réseau.
A propos de Madame de Sévigné, incidente de Proust (la phrase est entre parenthése) : ne peint-elle pas les paysages de la même façon que les caractères ?
Christophe Atabékian a-t-il lu Madame de Sévigné ?

Dimanche - début de soirée.
De retour du Forum des images, La Chanson de Roland (je lis en marchant ou l'inverse).
Fin de la laisse (strophe) 164.
...il (Roland) tombe évanoui à terre.
L'archevêque dit : "Quel dommage pour vous si vaillant !"
Début de la laisse 165.
Quant l'archevêque vit Roland s'évanouir,
il ressentit la plus grande douleur qu'il eût jamais eu.
Il étendit la main et prit l'olifant.
Jeu des temporalités, l'action se rejoue.

(Interlude)
Un homme de son temps.
Interrogé sur ses motivations cet adepte du tuning (il a transformé sa DS en boite de nuit et salle de télévision) répond : C'est pour faire avancer le progrés.
Le faire progresser en quelque sorte.

Dimanche soir.
La Mémoire dans la peau - Doug Liman.
Le héros sort de l'ambassade. Il marche calmement. Il vient d'échapper à la mort. En bande son on entend sa voix au téléphone. Il cherche à avoir des renseignements. Changement de plan. Il est à l'intérieur d'une cabine téléphonique. Il se dirigeait vers cette cabine au plan précédent. Jeu des temporalités (à noter que le même effet sera employé plus tard avec un autre personnage mais de façon moins pertinente).

Questions.
Peut on imaginer un film où la bande son serait légèrement en avance sur la bande image et où l'égnime (?) ne pourrait être résolue que par la coïncidence des deux pistes ?
Doug Liman a-t-il lu la Chanson de Roland ?

Au fond se disait-il : je ne crois pas tant dans les vertus de l'imagination que plutôt dans celles de la variation.

vendredi 7 octobre 2005

Fainéant ?


Il est un vers que j'aime particulièrement dans La Chanson de Roland, il arrive en toute fin du récit après force batailles, combats et sang versé.

Passet li jurz, la nuit est aserie.
Le jour s'en va, la nuit est tombée.

Moment en suspension - est-ce que l'on nomme sentiment océanique ? - qui ne peut durer.
Charlemagne fatigué (Pluret des oillz/Il pleure des yeux nous dit le texte) devra reprendre le combat et s'en aller en la tere de Bire secourir le roi Vivien.

Présence du Mal :

L'empereur s'en va sous un pin,
là en conseil il convoque ses barons ;
le duc Ogier et l'archevêque Turpin,
Richard le Vieux et son neveu Henri,
et Acelin, le preux comte de Gascogne,
Thibaud de Reims et Milon, son cousin,
et il eut aussi Gerier et Gerin,
et avec eux le comte Roland s'en vint,
et Olivier, le noble, le preux.
Des Francs de France, il y en a plus de mille.
Ganelon y vint, qui fit la trahison ;
(...)
La Chanson de Roland (trad Ian Short)

Il monta ensuite sur une montagne, et il appela à lui ceux que lui-même voulut, et ils vinrent à lui.
Il en établit douze pour être avec lui, et pour les envoyer prêcher;
A qui il donna la puissance de guérir les maladies, et de chasser les démons,
Savoir, Simon à qui il donna le nom de Pierre;
Puis Jacques fils de Zébédée, et Jean frère de Jacques, qu'il nomma Boanergès, c'est à dire enfant du tonnerre.
André, Philippe, Bathélémi, Matthieu, Thomas, Jacques fils d'Alphée, Thadée, Simon le Cananéen,
Et Judas Iscariote, qui fut celui qui le trahit.
Marc 3,12 - 3,19 (trad Lemaistre de Sacy)

Cette note est bien entendu dédiée à S/S.

mardi 4 octobre 2005

Marie-Pierre, Michel, Clément, Esther et Honoré

- Vous ne voulez plus divorcer ?
- On va divorcer. Même si j'ai peur de perdre notre chien Clément. J'espère bien le voir souvent. Quant à Michel, je le laisse se débrouiller avec Esther.
Extrait d'un entretien donné par Marie-Pierre Houellebecq au journal Elle.

Houellebecq est le premier écrivain à s’élever au niveau d’exigence d’un chanteur populaire : écrire, mieux que quiconque, le consensus, et par là faire de chacun son lecteur privilégié.


A propos de Balzac.
Ouvrant de grands yeux à toutes les explications, bouffi de lieux communs, une vanité de commis-marchand. Il semblait qu'il se fit un phénomène somnambulique(1) lorsqu'il travaillait, et que concentré sur un point, par une intuition, il se rappelât toutes choses même les ignorés.
Edmond et Jules de Goncourt - Journal (année 1852).

S'il me fallait qualifier la littérature de Michel Houellebecq je dirais, et je pense plus particulièrement à ses deux derniers livres, qu'elle est limitée, enserrée qu'elle est entre les bornes d'un réel où ne pointe que la médiocrité, entre le chien Clément et la maitresse Esther. Houellebecq confond la carte et le territoire et ne produit, au bout du compte, qu'une littérature de la coïncidence. Le texte se superpose au monde, reflet dans lequel, pauvres narcisses fascinés, nous pouvons nous mirer et ricaner. De fait la littérature de Houellebecq est fondamentalement une littérature rassurante, une littérature pour grand enfant.
On voit par là que nous sommes à des lieues de ce phénomène somnambulique décrit par les Goncourt. Et si Balzac, c'est un exemple, a décrit précisément, analyse sociologique qui reste toujours pertinente, le monde de la presse et des critiques (Cf Illusions perdues-Un grand homme de province à Paris), il a su dans le même temps créer un personnage qui excède le réel : Vautrin. (2)

(1) C'est moi qui souligne.
(2) Afin d'échapper au reproche de monomanie, on mentionnera un autre grand somnambule, il est américain et vivant : Don De Lillo

Edit : ''La carte et le territoire'' de Michel Houellebecq (2010)