François Boucher, Étude de pied de l'Odalisque blonde, 1752.

La première rencontre.
...sous le dernier volant de sa robe, son pied passait dans une mince bottine en soie, de couleur marron...
La dernière rencontre.
Leurs mains se serrèrent ; la pointe de sa bottine s’avançait un peu sous sa robe, et il lui dit, presque défaillant :
— La vue de votre pied me trouble.
Flaubert, L' Éducation sentimentale.

A LOUISE COLET

Croisset, mardi soir, minuit. 4-5 août 1846.
Il y a douze heures, nous étions encore ensemble ; hier à cette heure-ci, je te tenais dans mes bras... t'en souviens-tu ? Comme c'est déjà loin ! La nuit maintenant est chaude et douce ; j'entends le grand tulipier, qui est sous ma fenêtre, frémir au vent et, quand je lève la tête, je vois la lune se mirer dans la rivière. Tes petites pantoufles sont là pendant que je t'écris ; je les ai sous les yeux, je les regarde (...) Il me semble que j'écris mal ; tu vas lire ça froidement ; je ne dis rien de ce que je veux dire. C'est que mes phrases se heurtent comme des soupirs ; pour les comprendre il faut combler ce qui sépare l'une de l'autre ; tu le feras, n'est-ce pas ? Rêveras-tu à chaque lettre, à chaque signe de l'écriture ? Comme moi, en regardant tes petites pantoufles brunes, je songe aux mouvements de ton pied quand il les emplissait et qu'elles en étaient chaudes; Le mouchoir est dedans, je vois ton sang. - Je voudrais qu'il en fut tout rouge.

Croisset, 6 ou 7 août 1846.
11 heures du soir.
Adieu, je ferme ma lettre. C'est l'heure où, seul et pendant que tout dort, je tire le tiroir où sont mes trésors. Je contemple tes pantoufles, le mouchoir, tes cheveux, ton portrait, je relis tes lettres, j'en respire l'odeur musquée. Si tu savais ce que je sens maintenant !... dans la nuit mon coeur se dilate et une rosée d'amour le pénètre !
Mille baisers, mille, partout, partout.