(souvenir).

Gilberte, Odette, Albertine....par quel étrange phénomène certains prénoms proustiens (y compris celui de l'auteur et ceux de ses proches) alors même que, selon Lucien Daudet, il (Proust) cherchait dans le Gotha les beaux prénoms de quelques-uns de ses personnage, par quel étrange phénomène donc, ces prénoms, qui n'ont pas seulement vieilli, ont-ils fini par perdre, par une sorte de glissement social, leur aura aristocratique pour acquérir une robustesse toute plébéienne ?
En classe de terminale, j'ai entretenu une brève liaison avec une camarade et bien que je fusse à une période de ma vie où un peu de publicité ne nuit pas à la réputation, j'ai tout fait pour maintenir cette aventure cachée. La jeune fille n'était pas vilaine, avait tous les attraits que notre désir prête aux femmes, dans quelque situation qu'elles puissent être mais elle s'appelait Gisèle. Cet âge est sans pitié; il y avait dans ces trois syllabes un je-ne sais-quoi, une forme de vulgarité qui me faisait horreur (Gi-sééél'). Il faut croire que je ne l'aimais guère.
L'histoire se termina fort mal puisqu'au milieu du deuxième trimestre, nous avions déja rompu depuis un certain temps (elle s'était rendu compte de mon petit manège), et pour des raisons qui me restent obscures elle quitta le lycée pour ne pas y revenir.
Je n'ai plus jamais entendu parler de Gisèle.