Les morses sont plutôt des éléphants de mer que des vaches marines, comme on les nomme à tort. Ils ont la peau de l'éléphant, rugueuse, noire, avec quelques poils rares, et des défenses longues d'un pied à dix-huit pouces, recourbées vers le sol au contraire des défenses de l'éléphant. Ces défenses leur servent de crampons pour sortir de la mer en gravissant les pentes de glace. Ils s'en servent comme le perroquet se sert de son bec pour grimper. Elles sont en ivoire, mais d'un ivoire moins blanc et moins dense que l'ivoire des éléphants.

Le membre sexuel du morse est un os.

L'haleine des baleines est fétide, à tel point qu'elle incommode les navires près desquels une baleine passe. Cela tient à des millions de parasites qui rongent intérieurement la gueule de ces monstrueuses bêtes et qui y font des ulcères dont l'infection se répand au-dehors.

Saint Jean-Baptiste mangeait des sauterelles.

La suie est le meilleur engrais pour les œillets.

Il y a une espèce d'écrevisses qui sont rouges avant d'être cuites. Elles sont particulièrement estimées des gourmets et bien connues des pêcheurs qui les appellent écrevisses à la patte rouge. La pêche des écrevisses se fait très simplement. Le procédé le plus usité est de plonger son bras au fond de chaque trou des berges. Quand la rivière ou le cours d'eau sont dans des conditions favorables (peu d'eau, eau vive, fond de sable), on trouve une écrevisse dans chaque trou.

Les pêcheurs de perles de la côte de Ceylan restent sous l'eau le temps de réciter deux credo.

Ce qui distingue le marron de la châtaigne, c'est que la châtaigne a une cloison intérieure. Le marron n'en a pas.

Le rossignol mâle chante au printemps pour charmer sa femelle. La tortue mâle exprime son amour en heurtant son écaille en cadence contre l'écaille de la femelle.

J'ai ignoré jusqu'à ce jour que la femelle d'un lapin s’appelât hase.

Les oiseaux de mer se plaignent sur des modes bizarres ; les uns sifflent ; les autres miaulent ; d'autres font le bruit d'un homme qui crache.

Pissenlit. A la pointe du chalumeau, la sphère des graines blanches que le vent crève et emporte. Espèce de bulle de savon des prés qui semble avoir été soufflée par la terre.

Champs. Solitudes.
Si par hasard il passe derrière quelque haie un essaim d'abeilles, on entend dans l'air un murmure comme la rumeur d'une grande ville.

Ce n'est même plus du cheval que nous mangeons. C'est peut-être du chien ? C'est peut-être du rat ? Je commence à avoir des maux d'estomac. Nous mangeons de l'inconnu.

On a abattu l'éléphant du Jardin des Plantes. Il a pleuré. On va le manger.

Beau soleil. Un pigeon est venu se poser sur le rebord de ma fenêtre. Il était doux et blanc.

Cette petite anthologie toute personnelle a été établie à partir de l'édition des Choses vues établie par Hubert Juin, Quarto Gallimard, 2002.