Il est un effet très curieux provoqué par certaines images que nous avons pu voir ces derniers temps en provenance du Japon. Je pense à celles par ex, qui vraisemblablement prises d'hélicoptère, nous montrent l'avancée de la vague et plus généralement à celles qui surplombent la catastrophe, encore qu'un même effet puisse être analysé avec quelques vidéos filmées au raz du cataclysme.
La vague semble déferler sur monde déserté de toute vie humaine ou animale. Ces bateaux, ces trains, ces maisons transportés par les flots nous apparaissent comme autant de coquilles vides, des habitacles sans habitants. Alors que les images des précédents désastres se caractérisaient par une présence tragique, celle des survivants, des victimes, ici le tragique nait de l'absence. La catastrophe est-elle même prend place dans un monde post-apocalyptique.
Mais alors qui filme ? Un survivant ? Or des survivants nous n'en voyons pas.
L'étrangeté, et en ce sens ces images sont beaucoup plus fortes que celles des films du type 2012, l'étrangeté nait donc de la contradiction entre ce point de vue qui se donne à voir et le sentiment d'assister à un évènement fait d'une matière sans homme*, de cette situation paradoxale où il nous est donné de connaître alors que nous ne sommes plus.

*Après la finitude, Quentin Meillassoux, Seuil.