Ruines circulaires

Le Zèbre est peut-être de tous les animaux quadrupèdes le mieux fait et le plus élégamment vêtu.

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mercredi 19 mars 2008

C'est si gentiment demandé...

C'est si gentiment demandé.

- Le premier film où je suis parti avant la fin : Le Livre de la jungle (Walt Disney - 1970), vu à 9/10 ans, sans mes parents, au cinéma La Renaissance, place de la victoire, Pointe-à-Pitre, Guadeloupe. Un sentiment de profond ennui que je ressens encore à la simple évocation du film.

- Je me suis aussi beaucoup ennuyé à L'Aventure du Poseïdon (Ronald Neame - 1972), vu dans le même cinéma à 13 ans. Il me semblait évident que le bateau s'étant retourné , il fallait se diriger vers les cales, plutôt que vers le pont. Or ce problème occupe les personnages pendant une bonne demi-heure d'où mon exaspération. Mais le petit short que portait la jeune Pamela Sue Martin fit que je restais jusqu'au bout.

- Entre 1978 et 1980, j'ai vérifié systématiquement dans L'Officiel des Spectacles, si le film Je suis à prendre (Francis Leroi - 1977) était projetté. Ayant lu une chronique dans L'année du cinéma -1977 que ce film à caractère pornographique était excellent, j'ai fini par le voir dans une salle Alpha à Pigalle, en 1980, dans le cadre d'une double programmation. Je me souviens que nous avions (je l'ai vu avec un ami) poussé le fétichisme cinéphilique jusqu'à demander à la caissière l'heure de projection, ce en quoi elle fut fort étonnée, afin d'éviter l'autre film qui ne nous intéressait pas.

- Dans La Califfa (Alberto Bevilacqua - 1970), vu (je devais avoir 14 ans, le film étant interdit au moins de 13 ans) au Rex 2, Pointe-à Pitre, Guadeloupe, Ugo Tognazzi fait l'amour à Romy Schneider sur un sac de ciment, en lui précisant que le ciment a des vertus aphrodisiaques. Ce détail a du profondément me marquer puisque je ne peux voir un sac de ciment sans y penser.

- J'ai vu Cris et chuchotements (Ingmar Bergman - 1972) à 13 ans, c'est le premier film de ce réalisateur que j'ai vu, au cinéma Airport, Le Raizet, Guadeloupe. La climatisation dans cette salle, ouverte quelques mois auparavant, fonctionnait si bien que l'on ne pouvait y aller sans mettre un pull. Ce qui conférait aux soirées que nous y passions un caractère exotique. Je crois avoir eu très froid au cours de cette projection.

- Je n'aime pas les films Paramount... comprenne qui pourra.

dimanche 16 mars 2008

Savoir vivre.

Séminaire.

Je causai un instant avec Swann de l’affaire Dreyfus et je lui demandai comment il se faisait que tous les Guermantes fussent antidreyfusards. « D’abord parce qu’au fond tous ces gens-là sont antisémites », répondit Swann qui savait bien pourtant par expérience que certains ne l’étaient pas, mais qui, comme tous les gens qui ont une opinion ardente, aimait mieux, pour expliquer que certaines personnes ne la partageassent pas, leur supposer une raison préconçue, un préjugé contre lequel il n’y avait rien à faire, plutôt que des raisons qui se laisseraient discuter.
Le côté de Guermantes.

Il ne s'agit pas, bien entendu, de je ne sais quel éloge de la tolérance, ou d'attention à l'autre mais plus simplement d'accepter, à la manière dont on dit qu'un ensemble C est à l'intersection des ensembles A et B, de se situer dans un espace dans lequel la conversation puisse se déployer, où des histoires puissent se raconter.

Egoïsme (suite).
Jankélévitch fait fort justement remarquer que l'égo est la condition élémentaire et vitale de l'altruisme. De même qu'un être qui n'aurait rien à craindre, ni douleur, ni péril serait plutôt indifférent ou insensible au danger que véritablement courageux, il faut être un peu égoïste pour pouvoir être altruiste. C'est l'égoïsme qui rend altruiste l'altruisme. Digression. On retrouve le même type d'idée chez Proust lorsque Bloch père, juif et dreyfusard, déclare être particulièrement flatté de l'antisémitisme de Mme Sauzerat ; il y voyait une preuve de la sincérité de la foi et de la vérité des opinions dreyfusardes de cette dernière, la seule de son espèce à Combray.
L'abbé Birotteau selon la typologie établie par C. Rosset est un égoïste passif, de ceux pour qui autrui n'existe pas. Jankélévitch établit également une distinction entre la méchanceté (représenté dans le roman par la figure de l'abbé Troubert), qui pourrait être une des modalités de l'égoïsme actif, et l'égoïsme. La méchanceté implique un rapport avec l'autre, l'autre lui est nécessaire : Il y a donc en elle un principe de sociabilité, une société à l'envers : au lieu que l'égoïsme n'est pas une société, mais une solitude. Faire société avec soi-même, cela ne tient guère compagnie n'est-ce-pas ? L'abbé Birotteau se meut dans un espace dans lequel règne le flou, de l'autre il ne perçoit rien. Les yeux du bon vicaire n'étaient jamais à ce point d'optique qui permet aux gens du monde de voir et d'éviter promptement les aspérités du voisin.
L'abbé Birotteau est un égoïste qui s'ennuie. Faire société avec soi-même, cela ne tient guère compagnie n'est-ce-pas ? D'autant plus si votre propre compagnie vous ennuie elle aussi. L'incarnation de l'ennui dont ils sont victimes, jointe au besoin qu'ils éprouvent de divorcer perpétuellement avec eux-mêmes, produit cette passion pour le mouvement, cette nécessité d'être toujours là où ils ne sont pas ... Situation paradoxale dans laquelle un égoïste éprouve le besoin de divorcer avec lui même, dans laquelle par un processus inexorable un égo sera amené à se dissoudre et ira rejoindre le monde des fantômes. L'évêque lui lança un regard de mépris et de pitié ; puis, il consentit à l'oublier, et passa.

Election.
Compte tenu de l'heure à laquelle ce billet est posté, on aura compris que les élections ne me passionnent toujours pas.

(les citations de Jankélévitch sont extraites de : Le Mal et du Traité des vertus)

mercredi 12 mars 2008

Fonds de tiroir

La soirée électorale ne me passionnant guère, j'en profite pour remettre un peu d'ordre dans mes carnets Rhodia. Je retrouve ce court texte écrit au crayon, à demi effacé, qui à quelques jours près aurait pu être d'actualité, et dont je n'arrive pas à trouver l'origine. J'ai même cru un instant que j'en étais l'auteur.
J'ai fait sa connaissance au mois de février. Pour être plus précise encore : un mercredi. Nous échangeâmes quelques mots, puis il m'a dit:
- Vous devriez venir diner seule avec moi.
C'était à la fin du mois, qui vient précisément si vite en février. Il insistait.
- Vous devriez.
Alors, j'ai répondu :
- C'est entendu.
Son invitation laissait à supposer qu'il me considérait un peu comme (illisible). Certes, mais d'autre part, si j'avais refusé, je n'aurais jamais su qu'il s'appelait (illisible).