Un type (Di Caprio excellent) manque de faire rater une mission (certes un peu compliquée) qui lui a été confiée parce qu'il n'a pas su faire son travail de deuil (M. Cotillard un mystère) comme on dit au journal de 20h. Tout est bien qui finira bien (quoique). Bref, c'est raté.
Bien entendu, le film n'est pas un "film de rêves" mais plutôt un film de mission (dont l'un des prototypes pourrait être Les 12 salopards), genre lui même issue du "film de casse", sur lequel se greffe une histoire d'amour fou (dans le sens que donnaient les surréalistes à ces mots,un amour plus fort que l'oubli, plus fort que la mort, que l'on songe au Portrait de Jennie (1948) de Dieterle par ex). C'est à cette aune qu'il doit être jugé.
Force est de constater qu'Inception manque singulièrement de lyrisme (certaines scènes avec Cotillard dégage autant d'émotion qu'une pub pour un parfum de luxe), que les scènes d'action sont particulièrement ineptes (de ce point de vue, la scène finale dans des paysages enneigés avec poursuite à ski est une catastrophe).
Le problème du film, c'est que sa structure en est le Mc Guffin (ce qui intéresse les personnages et n'a aucune importance pour le narrateur selon la définition de Hitchcock, or ici c'est le contraire qui est énoncé) d'où le peu d'intérêt que l'on porte aux diverses péripéties.
Plus grave la fameuse bonne idée du film qui l'organise tout entier, celle des rêves enchâssés et des différences temporelles ( une action prendra un temps T dans la réalité, un temps T à la puissance n dans le rêve 1, un temps T à la puissance n au carré dans le rêve 2, T à la puissance n au cube dans le rêve 3 et ainsi de suite) conduit à délayer l'action dans le rêve le plus profond (le rêve 3). D'autant que Nolan, malgré les paillettes de son scénario, tient à garder une grande lisibilité, chaque niveau de "réalité" étant facilement identifiable, c'est cette lisibilité (obtenue par le recours à un montage parallèle) qui finit par provoquer un ennui certain (cf la fameuse séquence "enneigée" qui n'en finit pas de durer).
Mais il est peut-être une façon de sauver le film, celle du constat amer qui consiste à prendre note de la pauvreté de l'imaginaire produit par la vision des mauvais films d'action. Mais je crois pas vraiment que cela fut dans les intentions de C. Nolan.