Sacrifions à la tradition.
Je ne vais plus guère au cinéma. L'appétence qui me poussait à découvrir n'est plus assez forte. Certains soirs, alors que je me dis que je verrais bien tel ou tel nouveau film, le sentiment d'une déception à venir se fait certitude. Mais puisque subsiste un reste de désir, je regarde encore une fois tomber la pluie sur la rivière, les nuages, le vent et l'orage gronder : traces à jamais inscrites sur la pellicule de ce qui fut l'irrémédiable.
De cette année, je ne retiendrais que les deux premières saisons de Mad Men et Cloverfied. La beauté, ou plutôt le charme de ce dernier réside dans le caractère évanescent de son monstre, image fantôme destinée à venir phagocyter les images produites par une Amérique en quête de normalité. Pour le reste, pas vu ou oublié.
M'ont également marqué trois livres : 2666 de Roberto Bolano, Éloge des voyages insensés de Vassili Golovanov et Mort d'un jardinier de Lucien Suel. Trois livres qui réussissent, la chose est assez rare, à rendre présente une géographie. Pour le reste, pas lu, pas fini ou oublié.
Je me souviendrais aussi des verres de Gamay bues avec les amis, d'un riz et morue préparé par mon père, de cette Femme se baignant dans un ruisseau, peinte par Rembrandt en 1654, vue à l'exposition Picasso, de la joie de ma fille reçue à son concours... et de tout le reste.
Mes meilleurs vœux.