Pour Badiou, l’amour est une rencontre à laquelle il donne le statut métaphysique de l’événement : événement, car rien n’appelle la rencontre, au contraire, tout s’y oppose, loi des clans ou convenances sociales. Evénement surtout parce que, dans l’amour, il se passe quelque chose : le monde s’éprouve non plus sur le registre de la singularité, mais sur celui de la différence, c’est-à-dire l’universel.
Platon disait : Quand j’admire un beau corps, je suis en route vers l’Idée. Chez Claudel, l’amour est le franchissement de quelque chose qui apparaissait comme impossible. D’où un savoureux parallèle avec la dernière campagne publicitaire pour le site de rencontre Meetic, dont les slogans (Ayez l’amour sans le hasard, On peut être amoureux sans tomber amoureux) expriment une conception de l’amour comme une suite de possibilités parmi lesquelles faire le meilleur choix. C’est pourquoi je dis que les mariages arrangés n’ont pas disparu. C’est l’amour zéro risque, comme on parle de la guerre zéro mort.
La pulsion amoureuse selon Badiou in Libération du 15 juillet 2008.

Avez-vous remarqué tout ce qu’il y a de fortuit là-dedans ? Il a fallu que tous ces événements arrivassent le seul jour de toute l’année où il a fait, où il a pu faire assez froid pour nécessiter du feu ; et, sans ce feu et sans l’intervention du chien au moment précis où il a paru, je n’aurais jamais eu connaissance de la tête de mort et n’aurais jamais possédé ce trésor.
Le Scarabé d'or - Edgar Allan Poe (traduction : C. Baudelaire)