Dimanche soir.

J'écoute Le Masque et la plume en mangeant des pâtes et du jambon (c'est un rituel). La discussion porte sur le dernier film de Ken Loach - Le Vent se lève - que je n'ai pas vu. Je crois comprendre qu'il s'agit d'une page particulièrement sanglante de l'histoire irlandaise. Certains trouvent le film manichéen, d'un coté les méchants anglais, de l'autre les bons irlandais. C'est au tour de M.Ciment d'intervenir, il aime le film et ne voit pas sur quoi se fonde ce reproche. Selon lui, il existe des moments historiques où le Bien est confronté au Mal, c'est donc un de ces moments que filme Loach et de donner en exemple Oradour-sur-Glane.
Je suis assez d'accord avec Ciment quant à l'existence de tels moments historiques, mais le fond du problème n'est pas là.
Il s'agit plutôt de savoir si l'évènement Oradour-sur-Glane (par ex), du fait même de la réduction qu'il implique (les gentils vs les très méchants), à la manière de ces équations complexes que l'on est amené à simplifier afin de les résoudre, peut-être un sujet pour un bon film de fiction ?
A cette question, j'aurais tendance à répondre par la négative.

Lundi matin.

La neutralité toute axiologique de la définition du mot colonisation donnée par le Petit Robert (Mise en valeur, exploitation de pays devenus colonies) n'a pas l'air de plaire au Conseil représentatif des associations noires (CRAN).
Que le CRAN appelle au boycott du Robert c'est son droit; j'appelle d'ailleurs ici au boycott de la plupart des dictionnaires puisque je n'y figure pas. Mais que la société éditrice du Robert envoie chier le CRAN sans tambour ni trompette c'est également son droit le plus strict. J'ajouterais, d'aucun me diront simpliste, voire simplet, que c'est même son devoir.

Entendu un jeune homme déclarer, au cours d'une conservation cellulo-téléphonique, qu'il s'ennuyait en société, qu'il préférait la solitude...tu comprends me retrouver avec des gens avec qui je n'ai pas de lieux communs...
J'ai trouvé l'expression assez belle, même s'il me semble que l'une des raisons pour renoncer à toute vie mondaine est justement le fait que l'on y partage essentiellement des lieux communs.