Il y a déja quelques jours.

La sincérité, c'est bon à l'égard de soi-même. A l'égard des autres c'est sans intérêt, et le plus souvent maladroit. Ce qu'on appelle les bons sentiments ne sont que des ridicules. On en a toujours assez, sans avoir encore ceux-là. Ce qui importe avant tout c'est soi, tel qu'on est. Du moment qu'on l'est avec réflexion, sens critique, tout est sauvé. (...) Il faut avoir le goûts de ses idées, même fausses ou déplaisantes.
Paul Léautaud.
Interrogeant une jeune fille, qui se préparait au baccalauréat de français, sur le sens qu'elle donnait au il faut cultiver notre jardin du Candide (l'oeuvre est au programme du bac et le sérieux que mettait cette jeune personne à consulter ces fiches avait attiré mon attention), j'obtins comme réponse qu'il s'agissait pour Voltaire de dire qu'il fallait s'aider les uns les autres.
Que cette jeune fille soit idiote est une hypothèse qui n'est pas exclure, mais que cette idiotie ne laisse la place qu'aux bons sentiments, privés que nous sommes par le discours dominant de tout individualisme critique, est un signe des temps.

Hier.

Vu Love in the Afternoon (Ariane) de Billy Wilder.
Si comme on peut le lire ici une des règles d'or du théâtre classique est de ne jamais donner un élément qui ne puisse être utile à la suite de l'action alors le film de Wilder est la quintessence du film classique.
Un homme (Gary Cooper), dans un chambre du Ritz, attend la visite de sa maitresse. Le mari prévenu fait le guet dans le couloir de l'hotel, il veut tuer l'homme. Une femme passe, la sienne, et pénètre dans la chambre. Le mari ne pourra surprendre le couple qu'aprés un certain temps (les amants sont en compagnie d'un orchestre tzigane !); il attend caché. Une autre femme arrive. Elle se dirige vers la porte de la suite voisine de celle de G.Cooper. Elle porte un petit chien. Afin de rentrer, elle pose son chien, introduit la clef qu'elle actionne. Le chien a découvert l'homme qui se cache, l'animal aboie. La femme va pour récupérer le chien, le reprend, et s'en retournant vers sa chambre le gronde tout en lui administrant des petits coups. Elle ouvre la porte, entre, et referme. Mais elle avait l'esprit ailleurs - les aboiements chien l'ont agacée - les mains occupées, elle laisse les clefs à l'extérieur. Peu de temps après, grâce à ces clefs, l'héroïne (elle ne connait Cooper que par ouï-dire mais sait qu'il est menacé) pourra, elle aussi, entrer, alors que la femme au chien dort, ce dernier aboiera encore une fois, passer par le balcon et prévenir le séducteur. Gary Cooper rencontre Audrey Hepburn. il y a dant tout récit classique une part d'inéluctable.
Cependant toute la mise en scène de Wilder sera de jouer avec cette part d'inéluctabilité; et si le film se termine comme on pouvait s'y attendre, le cinéaste, jusqu'à la magnifique scène finale, nous aura permis d'entrevoir, et de poser à égalité tous les possibles de sa fiction. Arriver à montrer l'inéluctable puisque telle est la règle du récit, tout en maintenant ouvert le champ des possibles ne serait-ce pas la meilleure définition de la perfection ?

Demain.

France : 2 - Brésil : 1