Dans sa préface aux Mémoires du Cardinal de Bernis (1) - au demeurant excellente - Jean Marie Rouart cite Paul Valery préfacier des Lettres Persanes.

L'individu recherche une époque tout agréable où il soit le plus libre et le plus aidé. Il l'a trouvée vers le commencement de la fin d'un système social. Alors, entre l'ordre et le désordre, règne un moment délicieux. Tout le bien possible que procure l'arrangement des pouvoirs et des devoirs étant acquis, c'est maintenant que l'on peut jouir des premiers relâchements du système. Les institutions tiennent encore. Elles sont grandes et imposantes. Mais sans que rien de visible ne soit altéré en elles, elles n'ont plus guère que cette belle présence ; leurs vertus se sont toutes produites ; leur avenir est secrètement épuisé.

J'avais vingt ans, l'époque fut délicieuse. But Times goes by, l'histoire et la chimie ont leurs lois : du secrètement nous sommes passés au manifestement et des vertus exténuées il ne reste plus que cet amer goût de cendre.

Une fois n'est pas coutume, je signale ce bel article paru dans le journal Libération (une jeune femme qui se prénomme Haydée ne peut pas être complètement mauvaise).

(1) Le temps retrouvé - Mercure de France.