Lu sur un blog à propos d'Howard Hawks.
Chez lui les mouvements de caméra, pour ne pas dire les recadrages, sont une façon d'affirmer le monde, d'affirmer un hors-champs, (s'il y a recadrage (par un mouvement de caméra par exemple), il y a hors-champs et monde, puis ensuite je me dis, la mémoire fait partie de ça aussi,
Amusant comme à partir de la même observation, la façon qu'a Hawks de procéder à des recadrages à l'intérieur des scènes (les grands travellings sont plutôt rares et le plus souvent "fonctionnels"), j'en arrive à une conclusion différente. Il me semble justement que chez Hawks, il n'y a pas de hors-champs. Aucun arrière monde, aucune transcendance, juste une adéquation, une coïncidence entre le plan et le monde. Si transcendance il y a, elle fait partie du monde (Only Angels have Wings). Vient alors à l'esprit la première définition de l'Ethique : Par cause de soi, j'entends ce dont l'essence enveloppe l'existence, autrement dit, ce dont la Nature ne peut se concevoir qu'existante.
Ce qui importe pour le héros Hawksien c'est aussi - à l'image de la mise en scène et l'on voit par là que Hawks est un immense créateur -, cette adéquation avec soi même ou pour reprendre les termes de Spinoza : Est libre ce qui se détermine par soi-même à agir, est au contraire contraint ce qui est déterminé à agir par autre chose. Est libre celui qui obéit à la necessité de sa propre nature. L'homme libre pour Spinoza est celui qui ne pense à rien moins qu'à la mort, et sa sagesse est une méditation non de la mort, mais de la vie. Comment ne pas penser aux personnages de HH.
Ce à quoi vise le cinéma d'Howard Hawks est la joie.

Vu à la télévision une interview des ex-membres de La Mano négra, à propos de la sortie d'un DVD sur l'histoire de ce groupe de rock.
Entendu un garçon nous expliquer qu'il ne voulait pas simplement sortir un DVD de plus à l'occasion des fêtes de fin d'année, stupres marchands etc.., mais que lui et ses camarades avaient eu à coeur de montrer ce qu'était vraiment La mano, ses combats, ses engagements etc... De bien belles paroles.
Je dois avouer que ce type de discours en total contradiction avec les faits et destiné à masquer la réalité - le DVD sort pour les fêtes et c'est un DVD de plus - m'est devenu complètement insupportable. Insupportable dans le sens où il est la marque justement de ce que l'on pourait appeler l'inadéquation. Interstice qui immanquablement devient une béance - le discours est condamné à devenir de plus en plus emphatique et pure gesticulation - dans laquelle s'engouffre ce sentiment qui a pour nom ressentiment. Le contraire même de la joie