Michael Cimino - Maurice Pialat.
Une volonté commune de montrer, et rares sont les cinéastes qui montrent, l'irréductible. Ce qui chez l'autre n'est pas réductible à moi, ce qui chez l'autre s'oppose.
Dans Les Paradisiaques, Pascal Quignard écrit avoir été bouleversé par une phrase des Mythologiques de Claude Lévi-Strauss.

La ressemblance n'existe pas en soi : elle n'est qu'un cas particulier de la différence, celui ou la différence tend vers zéro.

L'irréductible logerait donc là. Dans cet intervalle, d'où Cimino et Pialat filme, par définition infini puisque la coïncidence on ne pourra l'atteindre.
Un peu plus loin, Quignard épouve le besoin de radicaliser la proposition de Lévi-Srauss. Le chapitre s'intitule La différence coriace.

La différence ne peut même pas tendre vers le zéro. La différence sexuelle est plus coriace que le zéro.

Il n'y a pas de rapport sexuel disait Lacan. Faille irrémissible.

Sur un tout autre plan comment ne pas songer à ce dialogue de La Folie Almayer de Conrad, et rêver au film que Pialat ou Cimino ne feront jamais, dialogue entre Nina, la fille métisse d'Almayer, et son père.

- As tu oublié ce qui t'a été enseigné pendant tant d'années ?
- Non, interrompit-elle. Je me le rapelle bien. je me rappelle aussi comment cela s'est terminé. Mépris pour mépris, dédain pour dédain, haine pour haine. je ne suis pas de ta race. Entre ton peuple et moi il y a aussi une barrière que rien ne peut supprimer.

Les filles sont des souvenirs étranges de leur père ajoute Quignard en écho.

Cimino et Pialat furent taxés l'un de racisme, l'autre de mysoginie. Contre-sens absolu, aucun mépris ou sens de la supériorité chez ces deux cinéastes. Juste la volonté de nous confronter à ce sentiment quelque peu oublié. Le tragique.