Ruines circulaires

Le Zèbre est peut-être de tous les animaux quadrupèdes le mieux fait et le plus élégamment vêtu.

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vendredi 10 juin 2005

Collure


En commentaire de la note intitulée Sueur, Jean Sebastien écrit ceci :
Je crois que ce qui est posé là c'est la question des enchaînements (de mots, de phrases, de plans) et de ce que cela suggère... Je n'ai pas d'exemple précis en tête, mais il me semble que la question de la subtilité au cinéma est ailleurs; par exemple, la littérature est-elle capable de hors champs? (ce qui pourrait constituer une des subtilités cinématographiques) Et puis je crois que les grands monteurs sont capables de créer une sorte de point aveugle dans la collure entre deux plans, de créer de l'abstraction rien qu'en suggérant que quelque chose d'invisible existe entre deux plans...je ne sais pas si je suis très clair, d'autant que malheureusement aucun exemple ne me viens en tête, mais je suis sûr qu'on a vu ça au moins une fois au cinéma...
Il y a des années de cela, j'assistais, pour la première fois, à une projection du Pickpocket de Bresson, en compagnie de Boris E.
- Chaillot, troisième rang, l'écran qui te bouffe les yeux, les changements de plan qui claquent comme des évidences.
Boris avec qui je m'étais retrouvé là un peu hasard, nous n'étions pas amis, pas même copains, avait l'habitude de parler pendant les projections. Aussi n'ai-je pas été surpris lorsqu'il se pencha vers moi et me dit : tu vas voir...
- La séquence se déroule dans le vaste hall d'une banque. La caméra est placé dans l'axe. En arrière plan, dans la profondeur, on aperçoit une rue, un homme qui ouvre son journal - Changement de plan - Extérieur rue, avec raccord dans l'axe et dans le mouvement sur le journal qui finit de s'ouvrir.
Tu vas voir. J'avais vu. Le déploiement d'un geste. L'éclosion d'un espace.
Ce soir là, j'ai aimé le cinéma.

Dernière heure.

La fête de la musique s'inscrira sous le slogan : Faites de la musique pour Florence et Hussein auxquels est dédiée cette 24ème édition, comme l'a annoncé le ministère de la Culture. Le 21 juin à 21 heures, sur l'ensemble du territoire, sera entonnée en un immense choeur la chanson de Georges Brassens Les Copains d'abord. Reporters sans frontières souhaite que tous les Français la chantent pour montrer que personne n'oublie les otages même durant les moments festifs. Les radios et les télévisions sont invités à diffuser au même moment.
Libération du 10 juin 2005.

Ministère de la Culture...L'ensemble du territoire...En un immense choeur....Les Copains d'abord.... Tous les Français... Radios et télévisions...
Comment dire le crétinisme de masse ? Les mots finissent par manquer.