Godard - Dans le noir du temps

- Votre pensée s'est construite autour de pôles contraires, comme l'action et la réaction, la transparence et l'obstacle, ou le remède et le mal. Quel mot serait le pendant de la mélancolie ?
- La présence. Car la mélancolie, fondamentalement, c'est l'absence. Mais en même temps, le mélancolique en se repliant sur lui-même, peut se réfléchir lui-même...et la mélancolie devenir ainsi miroir de la mélancolie. C'est là que la mélancolie et la littérature se rencontrent. L'écrivain qui s'absente du monde pour écrire, court le risque d'absolutiser son absence, de s'enfermer dans le cachot de la mélancolie. Mais dans une sorte de dialectique, grâce à l'encre quelque chose ne disparaît pas. La littérature en ce sens est présence.
Jean Starobinski jette un oeil sur l'enregistreur posé sur la table.
Ce petit appareil a-t-il retenu ma voix ?