Au cours de la cérémonie des Césars, Abdel Raouf Dafri co-scénariste du Prophète de Jacques Audiard remercia l'un de ses partenaires pour avoir intégré au scénario les permissions de sortie du héros (le film dans sa version initiale ne se déroulait que dans la prison).
La trouvaille est effectivement bonne, elle permet la progression de l'histoire, ainsi que celle du personnage principal (Malik profite de ses sorties pour asseoir son ascension) tout en aérant le récit. La frontière entre intérieur et extérieur est abolie.
Cette idée trouvera son expression la plus complète dans la séquence finale. Devenu un caïd, Malik sort définitivement (?), sa peine purgée. En arrière plan, de grosses cylindrées (4x4, BMW...), symboles de sa puissance, le suivent. De fait, Malik ne sort pas de la prison, celle-ci n'a été que la métaphore d'un monde extérieur dominé par le bizzness (grand ou petit).
De son expérience carcérale, Malik aura appris à dire oui à l'utopie mercantile. Libre, il sera toujours prisonnier.
Différente est la leçon que tire Teddy Daniels.
Ce que comprend le héros de Shutter Island dans les plans finaux, c'est que les utopies politiques, humanistes ou technicistes sont inhérentes à l'enfermement, qu'il ne pourra retrouver sa liberté, et par là même sont identité, qu'en disant non, les refusant toutes, et ce malgré le prix à payer.