ll est des livres qui se trouvent (contingence, nécessité ?) juste à la jonction de leur époque. C'est là leur grandeur et leur limite. Leur fragilité. Des livres qui déplient l’époque et sur lesquels l’époque se replie. On peut penser, pour rester dans le domaine français, au Grand Meaulnes, aux romans de Radiguet, à Bonjour tristesseL’attrape-cœurs en fait partie.
Que ces romans (il ne s’agit pas de savoir si c’est de la grande littérature ou pas, Salinger n’est pas Joyce) aient pour sujet l’enfance où la jeunesse n’est surement pas le fruit du hasard. Ils nous apprennent, romans d'apprentissage, il faut les lire "jeunes", que, selon une formule de Whitehead lue récemment, la jeunesse est vive, plutôt qu’heureuse. Romans de la vivacité, de celle qui s”épuise au moment même où elle s’énonce, et non du bonheur perdu.