Il n'est pas difficile de tirer des leçons lorsque celles-ci vont dans le sens du tempérament qu'on a. Le mien ne me poussait que trop à l'indifférence envers mes contemporains, tant j'étais convaincu qu'ils n'avaient rien à m'apprendre puisqu'ils regardaient le même monde que moi.
Dutourd - La chose écrite.

Se trouvait là exprimé de façon concise mon peu d'appétence pour la littérature contemporaine.
De Dutourd critique, on a déjà parlé ici. De cette façon de tourner autour de l'oeuvre, de l'auteur, sans en avoir l'air, sans y toucher et d'un coup de patte les attraper, non pour s'en saisir mais pour vous les restituer.

Mais Loti mérite un détour. C'est un enchanteur mineur. Et quelle vie pittoresque! Cet homme-là s'est déguisé constamment : en officier de marine, en académicien, en Arabe, en pharaon. Il a joué à l'homme fort, alors qu'il était une faible femme. Il s'appelait Julien Viaud. C'est une petite Tahitienne qui lui trouvé le joli pseudonyme de Loti. On pourrait écrire une biographie de lui sous le titre La Vagabonde.

Un art très particulier qui n'est autre que celui, fort rare, de la générosité.
Si on revient sur Dutourd, c'est que l'on a fait l'acquisition d un recueil de ses textes critiques intitulé La chose écrite (Flammarion). Or ces chroniques ont fait l'objet de précédentes publications au travers de deux autres ouvrages, Contre les dégoûts de la vie et Domaine public, parus chez le même éditeur. Ce fait n'est mentionné nulle part dans la nouvelle édition en un volume, et l'ayant acquise, alors que l'on possédait déjà les deux autres titres, on éprouvât le sentiment de s'être fait avoir. Mais il faut parfois savoir faire preuve de mansuétude, et l'on dira donc que c'est pour la bonne cause (1).

Une fois de plus l'âne basque s'en prend à ma personne.
Nous échangeons deux ou trois mails jusqu'à ce que dans le dernier il m'accuse de vulgarité. J'ai préféré m'en arrêter là. Au fond le plus gros reproche que l'on pourrait lui faire, le reste relevant de troubles comportementaux, c'est justement sa profonde vulgarité, défaut auquel je n'accorde aucune espèce de pardon. Si comme le faisait remarquer un ami, la liberté c'est la possibilité de ne pas faire ce que l'on aurait envie de faire (et de faire ce que l'on n'a pas envie de faire), alors l'être vulgaire est celui qui n'obéit qu'à lui même, un être asservie et qui en jouit.

(1) Sur ce coup, il me faut ajouter que la maison Flammarion fut bien aidée par M. Crépu qui joua le rôle du baron. C'est à la suite d'une critique favorable du directeur de la Revue des deux mondes, à qui j'accorde ma confiance, et dans laquelle il ne mentionnait pas le subterfuge de l'éditeur, que je fis l'acquisition, sans même le feuilleter, du Dutourd.