Laissons nous prendre au jeu (ici, , ou encore ici).
Nul fétichisme dans ma cinéphilie. Je ne voue aucun culte aux acteurs et actrices dont je dois avouer oublier plus que souvent les noms. Reste cependant le mystère d'une présence.
(La liste ci dessus n'obéit qu'à ma mémoire - je me suis limité à 10 noms - et à l'instant présent)


Elle fut l'une des rares (la seule?) à structurer la mise en scène autour de sa personne. Chaque film de Garbo, car unique objet du film elle en est de facto l'auteur, chaque film donc est une réponse à la question suivante : Comment amener en gros plan le visage de l'actrice ? Ou autrement dit, comment amener le spectateur à jouir du visage de la star?


Thelma Ritter, une de mes actrices préférées, n'est pas belle et fut cantonnée dans des rôles de femme au foyer ou de gouvernante au grand cœur. Il y a chez elle un bon sens, un dévouement, une obstination dont on sent qu'elle essaye de se venger en lâchant de sa voix acide quelques perfidies.


(Je reprends un court texte que j'avais consacré à Cyd Charisse)
On parlera encore et encore de ses jambes. Mais je me permettrais d'ajouter qu'elle avait su amener à sa quintessence cet art si particulier des grandes actrices américaines des années 50, celui de prononcer les mots comme s'ils devaient être les derniers. Non pour qu'ils se dissolvent dans la beauté mais pour que, tout au contraire, portés par un ultime souffle, le souffle des commencements, ils puissent s'y déployer.


Découvrir Laura Antonelli dans Malicia à 12 ou 13 ans, c'est découvrir rien de moins que l'éros. Et ça ne s'oublie pas.


Qui se souvient de ces actrices françaises des années 30. Surnagent encore pour moi la tristesse des grands yeux noirs de Mireille Balin, sa solitude, ses amours impossibles.


Voir Sandrine Bonnaire dans A nos amours, c'est assister à la naissance d'un corps de cinéma, on vieillira tous avec elle. Mais c'est surtout éprouver dans chaque plan l'amour d'un cinéaste pour ce corps.


Rita Hayworth seulement pour ces quelques mots : Give my love to the sunrise.


Gloria Grahame a tourné avec les plus grands (Ray, Lang, Minnelli). Sa moue boudeuse, sa voix de crécelle qui semblait tout droit sortie d'un cartoon la renvoyaient du coté d'une certaine innocence. Mais cette innocence était minée par une charge sexuelle inhérente à sa personne. Comme l'a si bien compris Lang dans The Big Heat, Gloria Grahame est un Janus.


- Tu vois mon derrière dans la glace ?
- Oui.
- Tu les trouves jolies mes fesses ?
- Oui...très.
- Et mes seins, tu les aimes ?
- Oui...énormément.
- Doucement Paul... pas si fort.


Elle (Setsuko Hara) partage avec Garbo le privilège de bénéficier d'un plan où elle apparaît seule. Le visage de Setsuko Hara est l'humanité entière.