Le monde est tout ce qui a lieu.
Wittgenstein.

De porte, nulle part, jamais. Tu es dedans
Et l'alcazar embrasse l'univers
Et il n'a point d'avers ni de revers,
Point de mur extérieur ni de centre secret.
N'espère pas que la rigueur de ton chemin
Qui obstinément bifurque sur un autre
Puisse jamais finir (...).
(...) N'attends rien. Pas même
Au coeur du crépuscule noir, la bête.
Borges.

Il reposa le livre,

Lui resterait la mélancolie des histoires d'amour,

Au bout de quinze jours, ils se revoyaient et tout se passait de la même manière que la fois précédente. Évidemment, on ne donnait pas toujours des fêtes dans les maisons voisines et en certaines occasions la directrice ne voulait pas boire, mais les lumières ténues étaient toujours les mêmes, la douche se répétait toujours, les crépuscules et les montagnes ne changeaient pas, les étoiles étaient toujours les mêmes.

la prolifération des histoires, tout pouvait arriver à tout moment, et des images.

La brise qui soufflait à ces heures-là dans les rues de Santa Teresa était vraiment fraîche. La lune, pleine de cicatrices, brillait encore dans le ciel.

Il avait songé à cette citation d'Yves Bonnefoy entendue à la radio.

Dessinant, peignant, écrivant, on contraint l'être à claudiquer de plus belle sur les béquilles du signe.

Le roman n'offrait aucune certitude, sa démarche n'offrait aucune assurance,

Les métaphores sont notre manière de nous perdre dans les apparences ou de rester immobiles dans l'océan des apparences. Dans ce sens, la métaphore est comme une bouée de sauvetage. Il ne faut pas oublier qu'il y a des bouées de sauvetage qui flottent et des bouées de sauvetage qui coulent à pic vers le fond.

et pourtant il fallait faire confiance aux béquilles du signe pour révéler la trace, unique preuve d'un passage.. Pour faire éclore une présence à partir d'une absence.

Dans la chambre de Pelletier, il manquait un morceau de la cuvette des toilettes. Ça ne se voyait pas à première vue, mais en soulevant le couvercle le morceau qui manquait devenait soudainement présent, presque comme un aboiement.

Encore ne fallait-il pas être dupe des mots.

...les paroles avaient plus tendance à s'exercer dans l'art de cacher que dans l'art de dévoiler. Ou peut-être dévoilaient-elles quelque chose ? Quoi ? J'avoue que, moi, je l'ignore.

Il pensa à la caverne platonicienne, il en avait été question au cours de l'émission consacrée à Bonnefoy, et se dit que l'écrivain chilien lui opposait le zootrope, disque magique qui flotte et tournoit dans notre cerveau.

- Bon, eh bien, c'était un poivrot en train de rire. Ça, ç'était dessiné d'un coté du disque. Sur l'autre face, était dessinée une cellule, je veux dire les barreaux d'une cellule. Lorsque je faisais tourner le disque le poivrot qui riait était dans la prison.
- Non, il n'y a pas de quoi rire, dit Charly Cruz.
- Pourtant le poivrot riait, peut-être parce que lui, il ne savait pas qu'il était en prison.
(...)
Le poivrot rit parce qu'il croit qu'il est libre, mais en réalité il est dans une prison, avait dit Oscar Amalfitano, c'est là que se trouve, disons, le truc amusant, mais ce qui est sûr c'est que le poivrot est dessiné de l'autre coté du disque, et nous pouvons aussi affirmer que le poivrot se moque de nous parce que nous croyons qu'il se trouve en prison, sans nous rendre compte que la prison se trouve d'un coté et le poivrot de l'autre, et on aura beau faire tourner le disque et avoir l'impression que le poivrot est en prison, la réalité c'est ça. De fait, nous pourrions même deviner de quoi rit le poivrot : il rit de notre crédulité, c'est à dire qu'il rit de nos yeux.

Au coeur du labyrinthe, avait-il un centre d'ailleurs, ne se tenait point de bête mais sur chacun de ses murs retentissait l'écho d'un rire pour lequel aucun mot n'avait été inventé.

tandis que tout sommeille...