Suite à l'écoute de deux émissions de radio, je lis Le théorème d'Almodovar de Antoni Casas Ros (pas encore terminé) et parcours Ubik de Dick. Coincidence, les deux romans décrivent, à leur façon et ce dès les premières pages, des états semblables.

J'imagine le cosmos entier composé de suspensions hétéroclites. Une orange croiserait une équation, un arbre un papillon, un rhinocéros une danseuse de flamenco, et moi, mes quarks dansants, éparpillés, je jouirais de ces rencontres fortuites. Sans la pesanteur des corps, nulle fatigue.
Le théorème d'Almodovar

Que ressent-on, s'interrogeait-il, en menant une semi-vie ? Ce que Ella lui en avait dit ne pouvait pas le renseigner; la connaissance du phénomène, sa réalité même ne pouvait être transmise. Une fois, elle lui avait parlé de la gravité, en disant qu'on se mettait à flotter, de plus en plus. Quand la semi-vie prend fin, avait-elle dit, je pense qu'on doit flotter hors du système solaire, dériver parmi les étoiles.
Ubik

Eprouver le sentiment de flotter, de dériver (ou à contrario de chuter) est le lot commun de tous et fait partie de ces expériences primordiales que nous offrent les rêves. Il est cependant une expérience humaine, hormis sa propre mort bien entendu, qui échappe au domaine des songes; il me semble ne l'avoir jamais éprouvée au cours de mes rêveries ou de mes cauchemars, encore que je n'en garde guère le souvenir, c'est celle de l'Ennui.