Lu pour la première fois L'Affaire N'Gustro de Manchette.
1971, le premier Manchette en solo, un décalque africain de l'affaire Ben Barka. Tout y est déjà : le style (Le colonel Jumbo a une trogne qui serait lunaire si la lune était noire), la violence (On ne saurait trop prôner l'usage de la chaine à vélo, c'est rien que du bon, rien que du naturel), l'ironie (Ses amitiés allaient aux peuples de couleur en lutte contre l'impérialisme, comme on dit. Ca ne veut rien dire, ça couvre aussi bien Castro, Boumedienne, Mao, Ho, Malcom X et Jean Ferrat), la lucidité («...si je devais définir brièvement quel est le programme de notre mouvement (...) je dirais le socialisme, mais un socialisme adapté à la matière sur laquelle il s'exerce, aux problèmes qu'il attaque. Un socialisme ni Cubain, ni Chinois, un socialisme Zimbabwite...» - Fin abrupte de la réponse. Murmures appréciateurs. Moi, j'aime assez, dans le genre. Le genre fumier). Mais surtout cette intelligence (le narrateur a fricotté avec l'OAS, Manchette avec le gauchisme) grâce à laquelle on sait que sauf chez quelques illettrés du peuple et du monde, pour qui la différence des genres est lettre morte, ce qui rapproche ce n'est pas la communauté des opinions, c'est la consanguinité des esprits.

Proust encore.
Un petit coup au carreau, comme si quelque chose l’avait heurté, suivi d’une ample chute légère comme de grains de sable qu’on eût laissé tomber d’une fenêtre au-dessus, puis la chute s’étendant, se réglant, adoptant un rythme, devenant fluide, sonore, musicale, innombrable, universelle : c’était la pluie.
On dirait du Jules Renard ou du Ponge (celui du Parti pris des choses).

Le journal littéraire de M.Crépu (mars 2007).
A propos de Léon Cahun, oncle de Marcel Schwob, auteur d'une Introduction à l'histoire de l'Asie et d'ouvrages à vocation pédagogique à destination de la jeunesse, Crépu écrit : J'aperçois une photographie de Cahun ; il a un peu l'air d'un bon charcutier de province, ou d'un tonnelier ; cet homme si merveilleusement érudit, je l'imaginais tout à fait dans un autre corps, un autre visage, c'est idiot n'est-ce pas : pourquoi le conservateur adjoint de la Mazarine n'aurait-il pas l'air d'un charcutier de province ?
Comme on peut le constater les traditions ne se perdent pas à la Revue des deux mondes (ce n'est pas un reproche).

Force de l'habitude. Manger des pâtes et du jambon le dimanche soir n'a pas la même saveur lorsque la radio diffuse la cérémonie des adieux présidentiels en lieu et place du Masque et la plume.