La Patte de singe - W.W. Jacobs (1901) - Trad : J.Papy.

Un vieil homme et son fils jouent aux échecs. La mère est là, attentive.
Au-dehors la nuit était froide et humide.
Le père est battu et surprend un regard d'intelligence entre la mère et son fils.
On frappe à la porte.
Entre un homme grand et vigoureux. C'est un ancien militaire.
La conversation s'engage.
Il est en possession d'une patte de singe, une petite patte très ordinaire, toute désséchée comme une momie.
Cette patte de singe a été ensorcelée pour que trois hommes différents puissent chacun réaliser trois souhaits grâce à elle.
Le premier de ces hommes, on ne sait pas ce que furent ses deux premiers souhaits, mais on sait que pour ce qui est du troisième, il a demandé la mort.
Quant au deuxième, ce fut le militaire lui-même. Il l'avoue en blémissant.
Le vieillard souhaite récupérer la patte, le militaire s'y oppose, puis finalement renonce et s'en va.
Que faire?
Le fils propose à son père de demander une somme (200 livres) correspondante à la dernière annuité due quant au paiement de la maison.
Le père accepte, émet son souhait et à peine a-t-il terminé qu'il constate avec effroi que la patte s'est tortillée dans sa main comme un serpent.
Rien ne se passe, la soirée continue.
Au-dehors le vent soufflait avec une violence accrue.
Le lendemain matin, encore rien.
Le fils part à son travail.
Dans la matinée un inconnu portant un chapeau haut de forme flambant neuf se présente.
La mère le fait entrer, l'inconnu semble gêné.
- Votre fils a été happé par une machine murmura enfin le visiteur.
Le fils est mort.
- Cependant la maison Maw et Meggins bien que déclinant toute responsabilité souhaite vous dédommager, et désire vous remettre une certaine somme à titre de compensation.
- Combien ? demande le père horrifié.
- Deux cents livres.
Plus rien n'est comme avant.
Peu de temps après, la mère souhaite faire un deuxième voeu et demande à son mari d'aller chercher la patte.
Il refuse : tout cela n'est que coïncidence.
La femme insiste. L'homme a peur de voir surgir devant lui son fils mutilé.
- Fait le souhait s'écria sa femme d'une voix forte.
- Je souhaite que mon fils retrouve la vie.
Pendant quelque temps, ils écoutèrent en silence le tic-tac de l'horloge.
Un coup furtif, à peine perceptible se fait entendre à la porte.
La mère court : C'est mon fils !
L'homme est terrifié : Pour l'amour du ciel ne laissez pas entrer cette créature !
Un autre coup, puis un autre encore.
Dans sa précipitation la femme n'arrive pas atteindre le verrou du haut. Elle demande l'aide de son mari.
Mais lui agenouillé sur le plancher cherchait désespérément à tâtons la patte de singe.
Il entendit grincer une chaise que sa femme plaçait contre la porte. Puis le verrou du haut commença à glisser à son tour. Au même instant, le vieillard trouva la patte de singe et murmura frénétiquement son troisième et dernier voeu.
La porte s'ouvre.
Une rafale de vent glacial balaya l'escalier. Un long gémissement de déception et de détresse donna au vieillard le courage de descendre les marches en courant pour rejoindre sa femme.
Sous la clarté vacillante du réverbère en face de la maison, la route s'étendait silencieuse et déserte.

Meilleurs voeux pour l'année 2007.