Lu dans la constellation Suel :
Entre bêtise et progrès, les conducteurs de « quads » ont aboli la frontière.

J'ai pensé alors, j'en parlais avec S*** il y a quelque temps, à ces petits «quads» électriques qu'offrent certains parents (toutes les classes sociales sont touchées) à leurs enfants mâles de préférence. Objet, dont la laideur le dispute à la bêtise, et dont la réduction, à la manière d'un cuisinier faisant réduire une sauce pour en exprimer tout l'arôme, aboutit à un véritable concentré de vulgarité. Objet monstrueux possédant le terrifiant pouvoir, par un étrange phénomène de contamination, de transformer l'enfant, qui le chevauche, en un adulte en modèle réduit, mais sans pour autant lui ôter les caractéristiques de l'enfance, qui le transforme, en l'exhibant, en une sorte de nain, un petit nain.
S'il me fallait rapprocher un tel spectacle d'un autre, ce serait de celui de ces chimpanzés qui au cirque portent culottes ; tentative d'abolir les frontières entre l'animal et l'humain, l'enfant et l'adulte, de superposer deux mondes qui ne peuvent coïncider. Tentative démoniaque vouée à l'échec qui toujours laissera subsister un espace qui, aussi mince soit-il, laissera la place à cette sensation, aussi peu nombreux que nous soyons encore à l'éprouver dans des temps futurs, que l'on pourrait appeler l'horreur.