Un peu partout, on célèbre la gloire de Coluche.
Je n'ai jamais aimé Coluche que j'ai toujours trouvé, non pas vulgaire, mais profondément obscène. Les ouaaah-l'autre trainants, les petits cris finissants dans les aigus, les déguisements pitoyables (période Canal+, la pire), le discours invertébré, d'invertébré - les sketchs de Coluche ne sont pour la plupart qu'un bout-à-bout de blagues tirées d'une anthologie d'histoires drôles - m'ont toujours procuré un sentiment de honte. S'il me fallait définir l'obscénité, je dirais qu'est obscène ce qui donne ce sentiment de honte dont on ne sait si on l'éprouve à la place de celui qui se donne en spectacle - j'ai honte pour lui - ou alors du fait même que je regarde ce spectacle, que j'y participe - j'ai honte pour moi. Si la vulgarité se donne à voir immédiatement -dans le cas d'une émission télévisuelle par ex, je change tout suite de chaine -, il n'en est pas de même avec l'obscénité qui introduit toujours une période de latence, peu importe sa durée, aussi courte soit-elle, durant laquelle la honte pourra s'insinuer, vide durant lequel, pris au piège, je ferais montre de complaisance. Ce dont l'obscénité m'impose l'expérience, c'est la dépossession de soi non consentie, en un mot la servitude.
A Coluche, je dois dire que j'ai toujours préféré Chevallier et Laspalès.