Ebauches. Quelques lectures préalables.

La mécanique nous aura tellement américanisés, le progrès aura si bien atrophié en nous toute la partie spirituelle, que rien parmi les rêveries sanguinaires, sacrilèges, ou anti-naturelles des utopistes ne pourra être comparé à ses résultats positifs.
Baudelaire - Fusées.

Partir du constat fait par Tocqueville que la démocratie alliée au progrès technique aura eu pour conséquence ce que Georges Bataille appelait l'atomisation démocratique ou pour pour reprendre l'expression de Chateaubriand une société purement physique où domine un individu tout puissant et, dans le même temps, le conformisme de masse.

Nécessité de créer du lien et de réintroduire du sacré.

Cependant il faut une religion, ou la société périt
Chateaubriand - Essai sur les révolutions.

Piste à suivre : le souverain, le sacrifice, le bourreau. (cf Balzac, Joseph de Maistre, Bataille, Caillois, Baudelaire, Le Collège de sociologie)

1) Le souverain

La loi emporte un assujetissement à des règles, toute régle est en opposition aux moeurs naturelles, aux intérêts des individus; la masse portera-t-elle des lois contre elle-même ? (...) De tout ceci résulte la nécessité d'une grande restriction dans les droits électoraux (...).
Balzac - Le Médecin de campagne.

Il n'y a de gouvernement raisonnable et assuré que l'aristocratique.
Monarchie ou république basées sur la démocratie sont également absurdes et faibles.
Baudelaire - Mon coeur mise à nu.

2) Le sacrifice comme instauration du sacré.

Le sacrifice restitue au monde sacré, ce que l'usage servile a dégradé, rendu profane.
Bataille - La Part maudite.

Il s'agit d'arracher le sacrifié à l'ordre réel, à la pauvreté des choses, de le rendre à l'ordre divin.

La mise à mort est la transgression de l'interdit du meurtre. En son essence la transgression est un acte sacré.
Bataille - La Souveraineté.

La peine de mort n'a pour but de sauver la société, matériellement du moins. Elle a pour but de sauver (spirituellement) la société et le coupable. Pour que le sacrifice soit parfait, il faut qu'il y ait assentiment et joie de la part de la victime.
Baudelaire - Mon coeur mis à nu.

3) Le bourreau.

Il (le bourreau) est l'horreur et le lien de l'association humaine. ôtez du monde cet agent incompréhensible ;dans l'instant même l'ordre fait place au chaos ; les trônes s'abîment et la société disparaît. Dieu qui est l'auteur de la souveraineté, l'est donc aussi du châtiment : il a jeté notre terre sur ces deux pôles ; car Jéhovah est le maître des deux pôles, et sur eux il fait tourner le monde.
Joseph de Maistre - Les soirées de Saint-Petersbourg

Le souverain et le bourreau remplissent donc, l'un dans la lumière et la splendeur, l'autre dans l'obscurité et la honte, des fonctions cardinales et symétriques (...) représentant les deux poles de la société, ils s'attirent mutuellement et tendent à se réunir au-dessus du monde profane.(...). Quand le bourreau montre à la foule la tête du monarque, il atteste la perpétration d'un crime, mais dans un même temps, il communique à l'assemblée, en la baptisant du sang royal, la vertu sainte du souverain décapité. (...). Ainsi le bourreau et le souverain forment couple. Ils assurent de concert la cohésion de la société.
Caillois - Sociologie du bourreau.

Synthése - Lettre de Jean Paulhan à Etiemble du 8 mars 1939

...toutes mes préférences politiques iraient à un roi absolu que l'on choisirait le 1er janvier par tirage au sort pour le mettre solennellement à mort le 31 décembre. Je crains qu'elle (cette solution) ne soit difficile à faire passer. A défaut d'elle connaissez-vous ce mot de Chesterton : "Le despotisme héréditaire est dans son essence démocratique. S'il ne proclame pas que tous les hommes peuvent à la fois gouverner, il proclame ce qu'il y a de plus démocratique aussitôt après, c'est que n'importe qui peut gouverner.
En tout cas, tout plutôt qu'un dictateur élu (et élu inévitablement pour ses qualités, etc.)

Il ne s'agit là que d'une première ébauche, les points de détail et autres modalités pratiques sont à préciser (ainsi afin d'assurer une certaine cohérence dans l'exercice du pouvoir la période de un an devra - nous semble-t-il - être revue à la hausse).
Des contributions extérieures pourront être prises en considération (notamment quand au mode de désignation du bourreau ; la fonction pourrait être héréditaire et il ne pourra bien entendu en être tirée quelques avantages, tout au contraire) dans la mesure où elles ne dénaturent pas l'architecture du projet.