Le film commence à peine à dresser le portrait vénéneux, un portrait très noir, d'une petite ville américaine (complots, corruption), que l'épouse du personnage principal, Glenn Ford, explose dans sa voiture. Adieu Jocelyn Brando, bonjour l'angoisse. Ne riez pas, c'est pire que ce que vous imaginez. De ce premier chagrin, celui qui balafre les nuits et les jours d'un pauvre flic, comment sortir indemne ? La réponse est simple. On ne s'en sort pas. On ne s'en sort jamais. On se soulage comme on peut avec des filles de passage, frôlées du regard. Des filles perdues, damnées, déjà mortes. Ida Lupino par exemple, le visage ravagé d'acide. Elle aura sa peau, à Lee Marvin, le salaud qui lui a fait ça. Non, ne riez pas. Il s'agit de sa vie. Il s'agit de vengeance. Il s'agit de mort. L'amour, la mort, vous vous rappelez ?
Louis Skorecki - A propos de The Big Heat (Réglement de comptes) de Fritz Lang in Libération - 22/02/06.

Il s'agit bien entendu de Gloria Grahame (à droite) et non d'Ida Lupino (à gauche).
Si j'ai noté ce lapsus-scriptae, c'est que celui-ci, allié à la ressemblance entre ces deux actrices, m'a évoqué la confusion qu'instaure Jacques Tourneur entre deux personnages féminins dans l'une des scènes de Out of the past (La griffe du passé). Or il se trouve que Jocelyn Brando a également tourné avec Tourneur...Je ne suis pas loin de penser, ou plutôt je préfère cette hypothèse à la simple coquille, que tel avait été le cheminement de Louis Skorecki.
Que les films de Lang, de Tourneur, de tous les autres s'étaient fondus en seul parce qu'il s'agissait toujours de la même histoire, d'une histoire de vengeance, d'amour, de mort et que, au bout du compte, le cinéma avait eu le dernier mot.