Enfant, je fus fasciné par une image de H.Miller où ce dernier, il était relativement agé, jouait au ping-pong avec une jeune asiatique. Miller était habillé, la jeune femme assez menue était nue; son sexe faisait comme une tâche noire.
Si cette image m'est revenue à l'esprit- je ne l'ai jamais complétement oubliée - c'est qu'au hasard de mes dérives, je suis tombé sur ces photos de Madonna.
Or quelques heures après, je lus et m'empressai de noter ceci :

A à la fin des années 50, adolescent, je me plongeais dans Henry Miller difficile encore à trouver. Je me souviens qu'il se faisait de la femme l'image d'un corps foisonné, dense comme un fouilli végétal, giboyeux bosquet, forêt dans laquelle il fallait doucement entrer avant de saisir l'animal qui palpitait au fond. (...)
Formé à cette économie primitive de ceuillette et de chasse, je n'ai guère aimé cette économie de marché qui s'est developpée à partir des années 90 imposant un vagin calibré et un pubis homologué, taillé raz sur un corps sans secret ni odeur, comme la peau rare et rose d'un animal d'appartement. (...)
Pourquoi cette manie de tout raser, cette furie anti-physis ? (...) Plus de poils, plus de voile, plus d'intimité. (...) Monde désexualisé alors même qu'il se prétend, mieux que tout autre, libéré.
Jean Clair - Journal atrabilaire - Gallimard (2006).

Il est des jours où tout semble s'accorder, s'ajuster.

Ps : remerciements à l'aimable brocanteur ; avec lui c'est encore mieux que DDT puisque c'est tous les jours lundi.