En 1943, Robert Bresson a trente-six ans. Il a tourné un court métrage - Les Affaires publiques - et a plus ou moins participé au scénario de deux long-métrages. C'est un quasi inconnu. Il fréquente Roland Tual. Il y aurait beaucoup à dire sur Roland Tual et son épouse Denise. Roland Tual a été surréaliste, l'ami de Cocteau, Miro, Masson, Drieu - il fut un temps l'époux de Colette Jeramec, la première femme de Drieu-, de Georges Limbour - l'auteur du trop méconnu Les Vanilliers- et de bien d'autres ; bref un personnage marquant de la vie intellectuelle de l'époque.
Roland et Denise Tual s'intéressent au cinéma. Ils ont acquis en 1941 les droits d'un scénario - Les Anges du péché - dont l'action se déroule dans un couvent de dominicaines. Pour les dialogues, les Tual pensent à Giraudoux. Ce dernier vient de dialoguer et d'adapter La Duchesse de Langeais de Balzac. Le film a été un succès. Mais à qui confier la mise en scène des Anges du péché? A Robert Bresson. Oui mais pourquoi Bresson?
Bien des années plus tard, la question fut posée à Denise Tual (son mari est mort en 1955). Sa réponse fut brève et concise. La voici :
- Mais par snobisme!

Pour les happy few : Roland Tual fut également l'ami de Jacques d'Arribehaude.