Yahvé dit à Abram: quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, pour le pays que je t'indiquerai. Je ferai de toi un grand peuple, je te bénirai, je magnifirai ton nom; sois une bénédiction (...). Abram partit comme lui avait dit Yahvé, et Lot partit avec lui. Abram avait soixante quinze ans lorsqu'il quitta Harân. Abram prit sa femme Saraï (...); ils se mirent en route pour le pays de Canaan et ils y arrivèrent.
Genèse (12, 1-5).
Le départ comme obéissance.

Ayant, comme on le voit, complètement perdu l'esprit, il lui vint la plus étrange pensée que jamais fou ait pu concevoir. Il crut bon et nécessaire, tant pour l'éclat de sa propre renommée que pour le service de la patrie, de se faire chevalier errant, et d'aller par le monde avec ses armes et son cheval chercher les aventures comme l'avaient fait avant lui ses modèles (...).
Cervantes - Don Quichotte
Le départ comme folie.

Mais il advint que son coeur changea, et un matin s'étant levé avec l'aurore, il se présenta devant le soleil et lui parla ainsi (...):
Je voudrais donner, prodiguer ma sagesse, jusqu'au jour où les sages d'entre les hommes se sentiront heureux de leur folie, les pauvres heureux de leur richesse.
Il me faudra pour cela descendre dans les profondeurs, comme tu le fais chaque soir, quant tu plonges au-dessous de la mer pour aller porter ta lumière au monde souterrain, astre débordant de richesse.
Il me faudra comme toi décliner, ainsi que disent les hommes vers lesquels je veux descendre.(...).
Ainsi commença le déclin de Zarathoustra.
Nietzsche - Ainsi parlait Zarathoustra.
Le départ, le nouveau départ, comme affirmation.

Il déchira brusquement la moitié de la nouvelle primée et se torcha avec. Alors il remonta son pantalon, rajusta ses bretelles et se reboutonna. Il claqua la porte déclinquée et rétive des lieux, et quitta la pénombre pour le grand jour.
Joyce - Ulysse.
Prosaïsme du départ. Une nouvelle odyssée, un 16 juin 1904.

J'ordonnai qu'on sortît mon cheval de l'écurie. Le domestique ne me comprit pas. J'y allai moi-même, sellai mon cheval et le montai. J'entendis une fanfare au loin, je lui demandai ce que cela signifiait. Il n'en savait rien, n'avait rien entendu. A la porte, il me retint et me demanda:
- Ou vas tu maître?
- Je ne sais pas, dis-je, je ne veux que partir d'ici, seulement partir d'ici. Sans cesse partir d'ici, ce n'est qu'ainsi que je pourrai atteindre mon but.
- Donc, tu connais ton but?
- Oui répondis-je, ne te l'ai-je pas dit : partir d'ici, tel est mon but.
Kafka - Le départ.
Le départ pour le départ, sans autre motivation que lui même, sans lieu à atteindre.

Ne reste plus que,
L'angoisse.